Les joueurs camerounais à l’entraînement, samedi 4 février, à Libreville. | GABRIEL BOUYS / AFP

Personne ne les attendait en finale de la Coupe d’Afrique des nations 2017: l’Egypte et le Cameroun, deux des nations les plus titrées du continent mais très rajeunies cette année, veulent mettre fin dimanche (20 heures) à Libreville à respectivement sept et quinze ans de disette continentale.

« Je pense que dans cette salle, personne n’aurait mis un centime sur nous, et c’est bien dommage, parce qu’il aurait gagné peut-être », a ironisé le capitaine camerounais Benjamin Moukandjo, la veille, en conférence de presse.

Les favoris attendues du tournoi étaient plutôt la Côte d’Ivoire, tenante du titre, l’Algérie et son Ballon d’Or africain Riyad Mahrez, ou encore le Gabon de Pierre-Emerick Aubameyang, pays-hôte. Tous trois ont été sortis dès le 1er tour.

Même à l’issue de cette première phase, ni l’Egypte ni le Cameroun n’avaient les faveurs des pronostics. Le séduisant Sénégal d’Aliou Cissé, la solide RD Congo ou l’expérimenté Ghana, qui a perdu samedi la petite finale de la compétition face au Burkina Faso (1-0, sur un magnifique coup-franc à la 89e minute d’Alain Traoré), faisaient alors office de candidats plus sérieux à la victoire.

11 titres à eux deux

Difficile en revanche d’imaginer voir en finale l’Egypte, qui a connu une longue traversée du désert après son incroyable triplé (2006, 2008, 2010) en manquant les trois dernières éditions, et qui se présentait au Gabon avec dans ses rangs 19 joueurs (sur 23) disputant leur première CAN.

Et que dire du Cameroun, composé d’un effectif sans stars, rajeuni en prévision de l’édition 2019 organisée à domicile - génération incarnée par le gardien Fabrice Ondoa ou le milieu offensif Christian Bassogog (21 ans) - et amputé de plusieurs « cadres » ayant préféré rester dans leur clubs européens?

Pourtant, vue l’histoire des deux sélections, il n’est pas si surprenant de les revoir au plus haut niveau. Avec 7 titres pour l’Egypte, et 4 pour le Cameroun (comme le Ghana), les deux équipes possèdent tout simplement le palmarès le plus prestigieux dans la compétition reine du continent africain.

Défaits lors de ses deux face-à-face en finale contre les « Pharaons », d’abord en 1986 (0-0, 5-4 t.a.b.) puis en 2008 (1-0), les « Lions indomptables » veulent enfin prendre leur revanche, près d’une décennie après le dernier affrontement.

Mais comment faire face à Mohamed Salah, le dynamiteur en chef des Egyptiens, ou au monument Essam El-Hadary, en quête d’une 5e couronne à 44 ans, et qui a réussi à garder ses cages inviolées jusqu’en demi-finale avant d’éliminer à lui seul le Burkina Faso en demies lors de la séance de tirs au but ?

L’entraîneur argentin Hector Cuper, le 3 février, à Libreville. | GABRIEL BOUYS / AFP

Moins prolifique que son adversaire, l’Egypte de Hector Cuper compte sur sa défense de fer pour écoeurer son adversaire et le surprendre par un jeu vertical et des contres assassins. « Nous savons que la finale est un match particulier. Il y a beaucoup de facteurs qui entrent en jeu sur les plans psychologique, physique et technique qui peuvent changer le cours du match. C’est pour cela que tout ce que vous prévoyez avant est relatif », a prévenu, prudent, le technicien argentin qui possède une expérience malheureuse dans ce domaine, avec notamment deux finales consécutives perdues en Ligue des champions avec Valence (2000, 2001).

« On va les mettre dans la sauce ! »

Mais le Cameroun pourra s’appuyer sur au moins deux avantages pour trouver la force d’écarter sa bête noire: d’une part, ce sera une Camerounaise, la star montante Charlotte Dipanda, qui officiera en tête d’affiche lors de la cérémonie de clôture de la CAN. Et d’autre part, le public devrait majoritairement être pro-camerounais. Une importante communauté camerounaise vit en effet au Gabon, et de nombreux supporters devraient faire le déplacement.

« On va les mettre dans la sauce ! », a entonné par exemple un petit groupe aux couleurs des « Lions indomptables » croisé avant la rencontre sur la plage de Libreville et reprenant à son compte le tube de la chanteuse camerounaise Reniss. « Et aussi dans leur sarcophage ! », a ajouté le plus facétieux d’entre eux, à propos des « Pharaons », surnom des joueurs égyptiens.