Penelope Fillon et François Fillon sur des écrans de régie de TF1 lors d’une interview de l’ancien premier ministre, en janvier 2017. | LAURENCE GEAI POUR LE MONDE

Fragilisé dans son propre camp et isolé dans l’opinion, François Fillon va poursuivre sa contre-attaque pour tenter de survivre au scandale d’emplois présumés fictifs de son épouse voire de deux de ses enfants, avant une semaine qui s’annonce décisive.

  • Contre-attaque et explications en préparation

Pour sortir du maëlstrom médiatico-judiciaire dans lequel le scandale les révélations à répétition du Canard Enchainé et d’Envoyé spécial l’ont plongé, le candidat des Républicains à la présidentielle devrait tenter de reprendre l’initiative et de contre-attaquer durant une semaine qui s’annonce décisive pour la suite de sa campagne.

« Il se prépare à une tentative d’explication publique qui devrait se doubler d’une contre-offensive politique », croit savoir Le Journal du Dimanche, dans son édition de dimanche 5 février, bien que le registre choisi (entretien télévisé ou tribune) soit encore tenu secret par son entourage.

Il va « changer de stratégie et être plus offensif pour sa défense », en s’« exprimant puissament » et rapidement à la télévision, croyait également savoir samedi soir l’un de ses soutiens, cité par l’Agence France-Presse, n’excluant pas qu’il reconnaisse des erreurs. Mais « il ne renoncera pas », assurait le même.

« Je resterai inébranlable », « je tiendrai bon » : dans un message vidéo publié vendredi soir sur Facebook, le candidat Les Républicains à la présidentielle a déjà cherché à rassurer le coeur de son électorat. Un tract titré « Stop à la chasse à l’homme » - tiré à 4 millions d’exemplaires, d’après Le Parisien -, qui dénonce « une machination » devait être diffusé largement ce week-end par ses partisans.

Une pétition lancée par Frigide Barjot et les militants de la Manif pour Tous, opposés au mariage pour tous et à l’adoption pour les couples homosexuels, appelle François Fillon a « tenir bon ». Elle recueillait, dimanche matin, près de 15 000 signatures pour « défendre la famille et la filiation ».

  • L’enquête pourrait durer plus longtemps que prévu

Alors que le candidat à la présidentielle avait demandé, mardi, à son camp de « tenir 15 jours », l’enquête ouverte par le parquet national financier pour « détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits » pourrait durer plus longtemps que prévu.

Un source judiciaire citée par le Journal du Dimanche, dimanche 5 février, estime qu’« il y a encore plusieurs investigations à mener ». La magistrate qui dirige le parquet national financier, Éliane Houlette, a fait part aux avocats de la famille Fillon de son intention « d’aller vite », sans toutefois donner de précision sur le calendrier, rapporte le JDD. «  Les recherches policières, loin de minorer les soupçons initiaux ont, en effet, ouvert de nouvelles pistes qui ne pourront pas être fermées en quelques jours », poursuit le JDD.

L’entourage de M. Fillon craint qu’un juge d’instruction ne soit saisi pour la suite des investigations, ce qui pourrait, in fine, conduire à une mise en examen du candidat à la présidentielle, condition qu’il avait posé pour retirer sa candidature.

Les époux Fillon ont été entendus lundi dernier par les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières. Mais si Penelope a tenté de détaillé sa collaboration auprès de lui, elle n’a, d’après le JDD, pu fournir « aucun élément matériel aux enquêteurs pour confirmer ses dires ».

Lire le portrait : Penelope Fillon, la discrète

Le parquet national financier a également demandé jeudi aux policiers chargés d’enquêter sur les emplois présumés fictifs de Penelope Fillon d’étendre leurs investigations aux activités de leurs enfants, Marie et Charles Fillon.

  • Tractations en coulisses autour d’un « plan B »

Si le sort de M. Fillon est suspendu à la justice, à moins de 80 jours de la présidentielle, il se joue également dans son propre camp, alors que l’hypothétique « plan B » est désormais dans toutes les têtes.

Une intense bataille se joue en coulisses entre les éventuels remplaçants du candidat officiel de la droite à la présidentielle. Alain Juppé, François Baroin, Laurent Wauquiez, Gérard Larcher, voire Nicolas Sarkozy… Les potentiels plans B ne manquent pas.

Face aux doutes, François Fillon entend « accélérer sa campagne » la semaine prochaine, a souligné Eric Woerth, conseiller politique de François Fillon.

Une semaine après avoir demandé à son camp de tenir « 15 jours », le candidat reviendra devant les députés LR mardi, selon une source proche du groupe à l’AFP.

Selon son agenda « provisoire » diffusé par son équipe, il se rendra le même jour dans l’Aube, mercredi dans l’Essonne, jeudi dans la Vienne pour un meeting avec le juppéiste Jean-Pierre Raffarin.