La plate-forme réalisée par ForCity pour Hong Kong, afin d’anticiper ses besoins futurs. | ForCity

Les plates-formes en 3D d’anticipation urbaine seront-elles, demain, l’outil incontournable des conseils municipaux appelés à prendre des décisions engageant l’avenir de leurs cités ? Albert Asseraf, directeur général chargé de la stratégie chez JC Decaux, l’assure : ces plates-formes, qui intègrent quantité de données pour modéliser le présent et simuler l’avenir, « vont modifier la gouvernance des villes ». Une perspective qui a tout pour plaire aux dirigeants de ForCity, PME spécialisée dans ces outils, et récipiendaire du Grand Prix Le Monde – Smart Cities en avril 2016.

Depuis, la start-up lyonnaise, créée à la fin de 2013 par deux cadres de Veolia, a poursuivi sa rapide croissance, en France et à l’étranger. ForCity a livré la première version d’une plate-forme permettant d’estimer les besoins futurs de Hong Kong en énergie et en eau. Elle y ajoute d’autres « couches applicatives » pour aider à déterminer « où installer des unités de traitement de déchets », précise Thomas Lagier, le directeur général de ForCity. A Dubaï (Emirats arabes unis), la PME travaille avec des aménageurs et des constructeurs afin de concevoir des quartiers entièrement nouveaux.

Anticiper la ville de demain
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L’international ne représente toutefois que 10 % d’un chiffre d’affaires qui a plus que doublé depuis 2014, atteignant 2,4 millions d’euros en 2016. Mandataire de la Métropole de Lyon pour la modélisation du quartier de Gerland, ForCity est impliquée dans la planification de l’aménagement et des transports de la communauté d’agglomération de Lens-Liévin (Hauts de France) et, pour l’énergie, dans celle de Rouen. Elle est aussi partie prenante d’un projet financé par Pôle Emploi et la Caisse des dépôts, afin de mieux planifier les besoins en formation d’un territoire.

ForCity a abordé une nouvelle étape en industrialisant ses processus. « Nos applications deviennent des produits facilement réplicables d’un territoire à l’autre, en tirant parti des données locales et de la collaboration », indique François Grosse, président de la start-up. Jusque-là autofinancée, ForCity a lancé en octobre une levée de fonds afin de poursuivre sa croissance, qui s’est aussi traduite en termes d’embauches. Les 55 salariés d’avril 2016 sont maintenant 67 et la start-up a ouvert une dizaine de postes, d’architecte-développeur, d’intégrateur informatique, d’ingénieurs ou de spécialiste en géomatique (intégration et analyse de données géographiques). « Nous avons des difficultés à recruter en France dans ces nouveaux métiers, confie Thomas Lagier. A un point tel qu’on peut parler de pénurie ».

Les formations ont dû mal à suivre une accélération tous azimuts. « L’innovation numérique bouscule constamment les certitudes sur la ville et ses usages futurs, estime François Grosse. Qui pensait il y a trois ans que la voiture autonome arriverait avant 2050 ? Qui doute aujourd’hui qu’elle sera bien là dans les dix ans ? On s’attend à ce qu’elle bouleverse massivement l’usage de la voiture et surtout des transports en commun. Et aussi peut-être la façon d’habiter dans la périphérie et dans le centre des villes. D’où la nécessité d’anticiper sans cesse ».

Il prévoit que, parallèlement, les formes variées de démocratie participative se multiplieront : « Notre société y aspire ; la technologie la facilite ». Il est indispensable, à ses yeux, d’« accompagner l’éclosion de la participation citoyenne en objectivant, dans la transparence, les conséquences potentielles des projets en gestation ». Encore faut-il que la volonté politique de ces processus de codécision se répande.