L’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), chargée d’enquêter sur l’épidémie de grippe mortelle dans une maison de retraite de Lyon, a pointé « l’insuffisance patente du taux » de vaccination tout en la relativisant, et formulé des recommandations, dans son rapport publié lundi 6 février.

Entre le 23 décembre et le 7 janvier, treize résidents de l’Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) Korian-Berthelot à Lyon sont morts de la grippe. Et, soixante-douze résidents sur les 102 pensionnaires que comptait l’établissement ont contracté le virus.

Après avoir révélé le faible de taux de vaccination, la ministre de la santé, Marisol Touraine, a saisi l’IGAS pour comprendre les raisons de cette hécatombe. L’organisme constate lui aussi que « pour les résidents, le taux de vaccination ne dépasse pas 40,2 % » au sein de l’Ehpad, selon les derniers chiffres fournis par la direction régionale du groupe, « contre en moyenne 82 % dans les Ehpad de la région en 2015-2016 », rapporte l’IGAS dans son rapport publié lundi.

« L’insuffisance patente du taux de vaccination des résidents s’explique par un défaut de stratégie et de pilotage interne de la campagne de vaccination, qui s’est traduit notamment par des différences de pratiques selon les étages, par un calendrier tardif des opérations vaccinales » et « peut-être par un trop faible effort de persuasion pour convaincre les résidents et leurs proches de l’intérêt de la vaccination », pointe l’enquête.

Des professionnels non vaccinés

Dans ses conclusions, l’institution relève toutefois que 65 % des personnes vaccinées en temps utile ont été touchées par la grippe. Et six des treize personnes décédées étaient vaccinées.

Par ailleurs, l’IGAS note que « l’établissement prenait des précautions pour limiter les risques de contamination » (lavage des mains, sensibilisation du personnel aux mesures d’hygiène) qui ont été renforcées dès le début de l’épidémie.

Alors comment expliquer une telle hécatombe ? « Seuls l’assouplissement des mesures autour du jour de Noël et le défaut de vaccination des professionnels et des résidents peuvent être incriminés pour expliquer la difficile maîtrise de cette épidémie », avance le rapport. Le taux de vaccination du personnel de l’établissement était de 38 %.

« Vigilance »

L’IGAS recommande à l’Ehpad de se doter d’une « procédure et de suivi épidémiologique précis » (avec âge, statut vaccinal…) et de faire de la campagne de vaccination un « élément prioritaire de la mission du médecin coordonnateur ».

« Nous sommes déterminés à mettre en œuvre les préconisations du rapport, notamment s’agissant du rôle-clé du médecin coordinateur dans le pilotage » de la campagne de vaccination de la grippe, a réagi une porte-parole du groupe Korian, auquel appartient l’établissement visé.

Dans un communiqué, la ministre de la santé a indiqué avoir « demandé à l’agence régionale de santé (ARS) Auvergne Rhône-Alpes de suivre avec la plus grande vigilance la mise en œuvre des recommandations par l’établissement ».