Le ministre des Finances, Michel Sapin, a annoncé lundi 1er février le lancement d'un site public et gratuit permettant de comparer les prix pratiqués par la quasi-totalité des établissements bancaires. | ERIC PIERMONT / AFP

Si vous vous demandez à quoi ressemblait le Web dans les années 1990, n’hésitez pas à faire un petit tour sur le nouveau site lancé lundi 1er février par Bercy pour comparer les tarifs bancaires. L’initiative part pourtant d’une bonne intention, il s’agit de permettre aux particuliers de tenter de s’y retrouver dans la jungle des frais bancaires, pour ensuite faire jouer la concurrence.

« Il permettra à tout le monde de comparer gratuitement les tarifs des services de base, comme les virements, les prélèvements ou les cartes bancaires afin de faire en sorte que la concurrence s’exerce dans de bonnes conditions », selon le ministre des finances, Michel Sapin, cité dans le communiqué.

Le problème c’est que le site n’est pas seulement peu ergonomique. Tout d’abord, il ne permet de comparer que six tarifs à la fois (sur la quinzaine proposée). Surtout, l’internaute ne peut pas estimer le montant total des frais qu’il paie dans sa banque, et donc le comparer avec d’autres établissements. Pour se faire une idée, il faut étudier les prix des services un à un. Fastidieux.

« Finalement ce n’est pas un comparateur », tranche Mathieu Escot, responsable des études à l’UFC-Que Choisir.

« Tout ce qui contribue à améliorer l’information du consommateur est évidemment une bonne chose, mais cet outil est nettement insuffisant face aux 250 lignes de frais des plaquettes tarifaires des banques. Ce site ne prend pas non plus en compte les packages – ces formules tout compris souscrites par 60 % des Français. »

Les entreprises privées qui éditent des comparateurs de tarifs bancaires et qui avaient raillé la mise en place de cet outil public, peuvent souffler. Le site de Bercy ne devrait pas leur faire trop d’ombre tant il est peu ludique.

« Ce n’est pas ce site qui va améliorer la mobilité bancaire », regrette M. Escot. Entendez par là la possibilité de changer de banque plus facilement. Aujourd’hui passer à la concurrence est souvent vécu comme un parcours du combattant. Mais ce sera moins le cas à l’avenir.

Sous la houlette de Bercy, la procédure sera simplifiée à partir de février 2017. Il suffira de remettre un RIB de son établissement à sa future banque pour qu’elle se charge d’effectuer toutes les opérations nécessaires au changement d’établissement. De quoi faciliter la vie du consommateur.