Signé il y a vingt-cinq ans jour pour jour, le 7 février 1992, le traité de Maastricht a posé la première pierre de la monnaie unique, dix ans avant l’introduction de l’euro. Il a également mis en place la limite du déficit public à 3 % du produit intérieur brut, et le taux d’endettement maximal de l’Etat à 60 %. Le texte élargit les compétences communautaires et instaure également les trois piliers de l’Union européenne : communautés, politique étrangère et de sécurité, et bases d’une coopération policière et judiciaire, jusqu’au traité de Lisbonne, qui viendra refondre cette architecture.

En France, la ratification du traité s’est faite à l’issue d’un référendum qui, en septembre 1992, se soldera par un « petit oui », avec 51 % des votes en faveur du texte. Parmi les candidats à l’élection présidentielle de 2017, certains avaient directement participé aux campagnes en faveur du oui, d’autres, du non.

  • François Fillon

Le candidat Les Républicains choisi par la primaire de la droite, François Fillon, a répété à plusieurs occasions son rejet du traité de Maastricht. | FREDERICK FLORIN / AFP

Le candidat Les Républicains (LR) choisi lors de la primaire de la droite, François Fillon, a répété à plusieurs occasions son rejet du traité de Maastricht. En effet, ce dernier, alors député de la Sarthe depuis plus de dix ans, faisait partie au sein du RPR des opposants déclarés au traité, avec Charles Pasqua et Philippe Séguin, comme l’expliquait Le Monde en 1993. M. Séguin s’opposa le 3 septembre 1992 au président de la République, le socialiste François Mitterrand, au cours d’un débat télévisé historique qui marqua la campagne. Il y dénonçait la possibilité qu’« une majorité de pays » puissent « imposer » quelque chose « qu’une majorité de Français auraient repoussé ».

Henri Guaino (LR), aujourd’hui candidat à l’élection présidentielle, était également partisan du non en 1992, au sein du RPR.

Aujourd’hui, François Fillon défend une Europe qui doit se « concentrer » sur « quelques domaines bien définis et laisser la liberté aux Etats nations de se gouverner comme ils l’entendent sur une majorité de sujets, en respect du principe de subsidiarité ». Dans son programme, il rappelle une fois de plus son opposition à Maastricht, et propose la création d’un gouvernement économique de la zone euro, et d’un directoire qui sera notamment responsable des objectifs de déficit.

  • Benoit Hamon

En 1992, la majorité des socialistes, dont Benoît Hamon, avait appelé à approuver le traité de Maastricht. Le candidat socialiste à la présidentielle à l’issue de la primaire de la gauche a même fait sa première apparition télévisée lors de la campagne du PS en faveur du traité. Par la suite, Benoît Hamon s’est prononcé contre le traité constitutionnel européen en 2005, et le traité de Lisbonne en 2007.

Dans son programme, Benoît Hamon souhaite désormais revoir les règles instaurées par le traité de Maastricht sur le déficit public, limité à 3 % du PIB. Il veut ainsi exclure « les dépenses d’investissement » et « le budget de la défense » du calcul du déficit au sens des critères de Maastricht. 

  • Jean-Luc Mélenchon

A l’époque encore au Parti socialiste, Jean-Luc Mélenchon avait lui aussi défendu le traité au moment du référendum. « Maastricht, c’est le contrepoids politique à la libre circulation des capitaux et des marchandises », expliquait-il en 1992. Il ajoutait qu’avec le traité, « on commencera enfin à voir un début d’Europe des citoyens ». Il se décrivait néanmoins comme « socialiste (…) pas totalement satisfait » du texte du traité.

Dans une tribune publiée en 1996 dans Libération, celui qui était alors sénateur socialiste affirmait :

« Il est derrière nous, le traité de Maastricht. »
« Le moment est venu de passer à un nouveau traité qui inverse les priorités. C’est-à-dire qui parte du social et de la nécessité de la construction politique. »

Aujourd’hui, le candidat à la présidentielle de La France insoumise propose de sortir de tous les traités européens, comme il l’explique dans son programme.

« Le plan A, c’est la sortie concertée des traités européens par l’abandon des règles existantes pour tous les pays qui le souhaitent et la négociation d’autres règles. Le plan B, c’est la sortie des traités européens unilatérale par la France pour proposer d’autres coopérations. »
  • Marine Le Pen

La candidate du Front national (FN) s’est opposée à tous les traités européens. Elle propose aujourd’hui dans son programme « une négociation » avec les « partenaires européens », « suivie d’un référendum sur [l’]appartenance [de la France] à l’Union européenne ».

Comme le rappellent Libération et Le Parisien, avant le traité de Maastricht, auquel il s’est opposé, le FN n’était pas fervent eurosceptique, et allait jusqu’à défendre parfois la construction européenne et des politiques communes, comme la politique agricole commune.

  • Nicolas Dupont-Aignan

Le candidat de Debout la France, hostile à l’euro et souverainiste, est un ancien du RPR, qu’il a quitté en 1999, sept ans après Maastricht, pour rejoindre le Rassemblement pour la France de Charles Pasqua.

Nicolas Dupont-Aignan propose notamment dans son programme pour l’élection présidentielle de 2017 de « dénoncer les traités européens », et de « transformer l’euro en monnaie de réserve ».

  • Yannick Jadot

Député européen depuis 2009, le candidat d’Europe-Ecologie-Les Verts n’a rejoint les Verts qu’en 1999, sept ans après le référendum de Maastricht ; le parti avait à l’époque soutenu le projet, malgré des divisions.

Dans son programme, Yannick Jadot propose à l’échelle européenne un plan d’investissement sur la transition énergétique, mais aussi le renforcement de la coopération communautaire en matière de sécurité, avec la création d’un « FBI européen ».

  • Emmanuel Macron

Hors de tout parti, et jeune arrivé dans la politique, à aujourd’hui 39 ans, Emmanuel Macron n’a pas participé, à l’époque, aux débats sur le traité de Maastricht. S’il a bien proposé – en 2015 – la création d’un gouvernement de la zone euro, doté d’un budget propre et auquel les Etats transféreraient « plus de souveraineté », le candidat n’a cependant pas encore présenté de programme précis pour l’élection présidentielle.

  • Nathalie Arthaud

Candidate de Lutte ouvrière à l’élection présidentielle, Nathalie Arthaud a dit en 2009, dans une interview au magazine Lyon Capitale, que son parti s’était abstenu lors du référendum du traité de Maastricht, ajoutant :

« Dire non à une monnaie commune nous embêtait. Tout ce qui permet de rassembler les peuples, nous y sommes plutôt favorables. »