Des « excuses aux Français » accompagnées d’une opération « transparence » sur son patrimoine et ses revenus. Après s’être employé à souligner la légalité des contrats de travail établis pour sa femme et deux de ses enfants, et avoir émaillé sa conférence de chiffres, lundi 6 février, François Fillon a publié dans la soirée, sur son site de campagne fillon2017.fr, sa déclaration de patrimoine de parlementaire datée du 16 décembre 2016 – actuellement en cours de contrôle à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique – en même temps qu’un tableau recensant la totalité des salaires perçus par sa femme, Penelope Fillon, en tant que sa « collaboratrice parlementaire », entre 1986 et 2013.

Une contre-offensive qui ne fait qu’anticiper sur le calendrier : fin mars, ou le 9 avril au plus tard, la Haute Autorité doit rendre publique l’ensemble des déclarations de patrimoine des candidats à l’élection présidentielle, une fois la liste officielle de ces derniers établie par le Conseil constitutionnel.

  • Les salaires de Penelope Fillon

« Ma femme a donc occupé ce poste pendant quinze ans et ceci pour un montant moyen de rémunération mensuelle de 3 677 euros net. Salaire parfaitement justifié pour une personne diplômée de droit et de lettres », a déclaré François Fillon, lundi, avant de publier un tableau détaillé des sommes perçues.

Basé sur des montants nets et des moyennes, pour atténuer l’effet produit par les sommes brutes et les variations de salaires relevées par Le Canard enchaîné, ce tableau aboutit à une rémunération totale (nette) de 680 380 euros sur la période, logiquement inférieure, donc, aux 830 441 euros (brut) cités par l’hebdomadaire satirique (une somme calculée sur treize ans). « On brandit un montant d’un million d’euros pour faire sensation en oubliant de préciser que la somme est en euros brut », a appuyé le candidat du parti Les Républicains.

Selon Le Canard enchaîné, Penelope Fillon a touché jusqu’à 10 167 euros brut par mois, entre janvier et août 2007, soit 7 829 euros net, c’est-à-dire plus que l’indemnité d’un député (hors indemnités liées à ses frais). Même ramenée à une moyenne sur quinze ans, la rémunération perçue par Penelope Fillon se situe au-dessus du salaire moyen des assistants parlementaires (3 358 euros brut en moyenne par mois, pour les deux Assemblées).

  • Les rémunérations de François Fillon

Dans sa déclaration de patrimoine, l’ancien premier ministre lève le voile sur les revenus qu’il a perçus, essentiellement en traitements, salaires et en bénéfices, et à la marge en revenus de capitaux mobiliers, entre 2012 et 2015, soit : 129 841 euros en 2012, 465 224 euros en 2013, 247 151 euros en 2014, 343 656 euros en 2015 puis 275 000 euros en 2016. La plus grande partie de ces sommes est liée aux revenus et profits qu’il tire de sa société de conseil et de conférences, créée en juin 2012, quelques jours seulement avant qu’il ne redevienne député.

A ces montants s’ajoutent ceux perçus par sa femme, sous le libellé « conjoint-communauté » dans cette déclaration, soit 55 414 euros en 2012 et 94 560 euros en 2013. François Fillon a précisé s’être marié sous le régime de la communauté.

  • Les clients de sa société de conseil, 2F Conseil

Poussé à faire la transparence sur les clients de sa société créée en marge de ses activités politiques, et ce afin de lever le soupçon sur d’éventuels conflits d’intérêts entre ses activités publiques et privées, François Fillon a donné quelques gages, lors sa conférence de presse : « J’ai donné des conférences dans de nombreux pays et j’ai conseillé des entreprises. Parmi elles, il y a l’assureur Axa, la société Fimalac et la banque Oddo », a-t-il déclaré.

Jusqu’alors, seule l’identité du cabinet de conseil aux entreprises Ricol Lasteyrie Corporate Finance, pour qui M. Fillon a exercé en tant que « senior adviser » (conseiller de référence), avait été dévoilée. « La liste de mes clients ne comprend aucune entreprise russe, ni le gouvernement russe, ni aucun organisme de ce pays et toutes les conférences que j’ai données en Russie l’ont été à titre gratuit », a-t-il ajouté. 2F Conseil affiche un chiffre d’affaires de 97 000 euros en 2013, pour du conseil ou des conférences effectuées à l’étranger, sur lequel aucun détail n’est révélé.

  • Les comptes bancaires

Deux PEA, deux comptes-titres, deux assurances-vie, deux PEL, deux CEL, trois comptes courants – un au nom de François Fillon, un à celui de Penelope Fillon, et un compte-joint –, un compte-espèces, un LDD, un livret A… qui représentent, ensemble, un patrimoine financier de 109 303 euros (dont 36 936 euros en assurances-vie, 36 426 euros sur des comptes bancaires et d’épargne et 35 941 euros sur des PEA et comptes-titres).

Voilà la totalité des sommes disponibles sur les comptes des époux Fillon. « Comme je l’ai déjà dit, tous ces comptes sont au Crédit agricole Anjou Maine, agence de Sablé-sur-Sarthe. Je le dis pour ceux qui perdraient leur temps à chercher ailleurs », a cru bon de préciser François Fillon.

  • Le patrimoine immobilier

« Je ne suis pas assujetti à l’ISF », a précisé François Fillon, lundi. Le candidat déclare trois propriétés immobilières : la « maison individuelle » de Beaucé, à Solesmes (Sarthe), un château du XIVe siècle de plus de 3 000 m2 qui trône au milieu d’un parc de 12 hectares. Acquis en 1993 pour l’équivalent de 400 000 euros, le bien est aujourd’hui évalué à 750 000 euros. M. Fillon révèle en outre détenir depuis plusieurs années 44 % de la nue-propriété de la maison de son père à Ascain, au Pays basque (134 000 euros) et un tiers de sa maison de Cérans, dans la Sarthe (41 300 euros) – ce qu’il avait omis de mentionner lors de sa première opération transparence sur son patrimoine, sur France 2, au printemps 2013.

Aucune mention n’est faite, en revanche, d’un appartement à Paris, où le député est élu depuis son départ de Matignon, en 2012. Le couple Fillon qui passe ses semaines dans la capitale, où leur dernier fils est scolarisé, en est en effet locataire.