Yannick Jadot, candidat EELV à la présidentielle, lors d’une manifestation à Gardanne (Bouches-du-Rhône). | BORIS HORVAT / AFP

On pensait l’affaire pliée. Au lendemain de la victoire de Benoît Hamon à la primaire organisée par le PS et ses alliés, les écologistes n’avaient pas perdu de temps. Le mardi 31 janvier, Yannick Jadot, le candidat d’Europe Ecologie-Les Verts, déjeunait avec le député des Yvelines. Deux jours plus tard, un courrier, signé de MM. Jadot et Cormand, le patron du parti, arrivait dans les boîtes mail des militants afin de leur exposer le « projet commun » qu’ils souhaitaient construire avec Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon.

Ils y demandaient une « clarification nécessaire » sur trois points : une « sortie définitive du nucléaire », la généralisation de la proportionnelle et « une refondation de l’Europe ». Dans la foulée, deux groupes de travail – l’un programmatique, l’autre électoral – étaient mis en place. Le député européen et ex-secrétaire national d’EELV, Pascal Durand, était lui chargé de faire l’interface avec M. Jadot.

Près d’une semaine plus tard, après l’investiture dimanche de M. Hamon, les écolos commencent à s’impatienter. Certes, il y a bien eu des contacts téléphoniques mais rien de concret pour l’heure. « Ça n’a pas été plus loin que ça mais il n’y a pas de surinterprétation politique à faire, assure M. Cormand. J’espère qu’il y aura une possibilité de se voir dimanche. » Accélérer, c’est aussi le sens de l’entretien accordé par Cécile Duflot à Libération, mercredi.

Mettre la pression sur Hamon

Très discrète depuis sa défaite au premier tour de la primaire d’EELV, en octobre 2016, la députée de Paris a décidé de « prendre [sa] part du rassemblement » et de faire « mouvement ».

« Il faut de l’audace et faire vite, plaide Mme Duflot. On ne doit pas retourner dans nos anciens chaussons. »

Et d’ajouter : « Si nous ratons ce rendez-vous, ce sera une faute collective. » L’ex-ministre du logement souhaite ainsi « une majorité parlementaire » pour mettre en place la transformation écologique qu’elle appelle de ses vœux et dans laquelle pourrait s’inscrire M. Mélenchon.

Ce dernier a certes tendu la main à M. Hamon mais à des conditions inacceptables pour le député des Yvelines : renoncer à investir aux législatives des figures qui ont marqué le quinquennat de François Hollande comme Manuel Valls ou Myriam El Khomri. Même s’ils ne partagent pas la forme, les écologistes sont d’accord sur le fond avec l’ex-socialiste et entendent bien le ramener dans les discussions. Après un message laissé par M. Jadot la semaine dernière sur le répondeur du député européen, des contacts téléphoniques ont été pris avec le candidat de La France insoumise au niveau de la direction d’EELV.

MM. Jadot et Cormand ont chacun fixé à fin février la date limite pour clore le dialogue avec les socialistes. « C’est à ce moment-là qu’on transformera les promesses de parrainages en parrainages car les maires recevront leur kit », précise le numéro un écologiste. Sur ce point, ce dernier assure que la barre des 400 a été franchie. « On tient le cap de la dizaine par jour qui doit nous permettre, si le rythme ne baisse pas, d’arriver à 500 promesses dans une quinzaine de jours », affirme-t-il.

De son côté, M. Jadot continue sa campagne et organise, jeudi, une conférence de presse pour revenir sur son projet présidentiel intitulé Bien vivre, qui paraîtra en livre le 2 mars aux éditions des Petits matins (240 p., 3 euros). De quoi, espèrent-ils, mettre la pression sur M. Hamon en affichant leur détermination à être présents sur la ligne de départ de la présidentielle si leurs discussions venaient à échouer.