Marine Le Pen, en déplacement à Juvisy-sur-orge (Essonne), mardi 7 février. | ALAIN JOCARD / AFP

Scène de campagne ordinaire à Juvisy-sur-Orge (Essonne), mardi 7 février. Une trentaine de journalistes attendent Marine Le Pen devant le commissariat de la ville, que la présidente du Front national doit visiter. Plus tôt dans l’après-midi, elle s’est rendue, sans la presse, dans ceux des cités voisines de Savigny-sur-Orge et d’Athis-Mons. La journée de la candidate à l’élection présidentielle est consacrée à la « sécurité » et au « soutien aux forces de l’ordre ».

Elle intervient alors que le président de la République, François Hollande, s’est rendu, le même jour, au chevet de Theo, un jeune homme de 22 ans victime de violences lors de son interpellation par la police à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), jeudi 2 février. Il est gravement blessé au niveau de la zone rectale, et s’est vu prescrire soixante jours d’incapacité de travail. Les quatre officiers qui l’ont interpellé ont été suspendus de leurs fonctions, trois d’entre eux sont mis en examen pour violences volontaires, et le quatrième pour viol.

Au commissariat de Juvisy, des policiers pointent le nez à la fenêtre pour voir arriver Marine Le Pen. Sur un des carreaux est scotchée la photo de Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider, ce couple de policiers tués à leur domicile de Magnanville (Yvelines) par Larossi Abballa, dans la nuit du 13 au 14 juin 2016.

« Au chevet des racailles »

La voiture de la députée européenne déboule, accompagnée de celle des officiers assurant sa sécurité. La présidente du FN se poste face à la presse et explique les raisons de sa venue lors d’une courte allocution liminaire. Elle veut « voir comment les policiers travaillent, dans quelles conditions », et se désole que « dans un certain nombre d’endroits en France, les commissariats sont lépreux ». Elle promet aux policiers de les « réarmer », en termes de matériels, d’effectifs, mais aussi « moralement », en mettant, par exemple, en place la « présomption de légitime défense ». Elle déplore, de plus, un « drame épouvantable » : celui qui a vu deux policiers de Savigny et d’Athis-Mons être grièvement brûlés par des cocktails Molotov lors d’une mission dans le quartier de La Grande-Borne, à Viry-Châtillon, en octobre 2016.

Interrogée au sujet de l’interpellation musclée à Aulnay-sous-Bois, Marine Le Pen refuse de parler de « bavure ». « Je ne vois pas comment on peut faire autrement, dans un Etat de droit, que d’attendre que la justice se prononce. Je trouve inadmissible de clouer au pilori des policiers avant même que l’enquête ait débuté. » Le matin même, sur LCI, elle avait déclaré : « Mon principe de base c’est, d’abord, je soutiens les forces de police et de gendarmerie, voilà. Sauf démonstration par la justice qu’ils ont commis un délit ou un crime. »

Sur le parvis du commissariat, la responsable départementale du FN Audrey Guibert répète le propos de la patronne. « Il ne faut pas utiliser ce qu’il s’est passé pour jeter le trouble sur toutes les forces de l’ordre. » Un mot de compassion n’aurait-il pas été le bienvenu pour Theo, visiblement inconnu des services de police ? « Ce n’est pas ce que j’ai entendu », répond-elle à ce propos. Mme Guibert dispose donc d’éléments sur le passé judiciaire du jeune homme qui n’auraient pas été révélés ? Elle rétropédale : « Je n’ai pas d’informations. »

Plus tard dans la soirée, Jérôme Cochet, responsable de la communication du directeur de campagne frontiste David Rachline, écrit sur Twitter, photos à l’appui : « L’une [Marine Le Pen] est au chevet des boucliers de la nation. L’autre [François Hollande] est au chevet des racailles. » Scènes de campagne ordinaires au Front national.