Une nouvelle fois, les buralistes devaient manifester lundi 2 novembre. Une mobilisation organisée dans cinq villes françaises pour réaffirmer leur opposition au paquet de cigarettes neutre. Une mesure que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, pourrait réintroduire dans le projet de loi santé. L’Assemblée nationale doit bientôt entamer l’examen en deuxième lecture du texte, dont l’un des objectifs est de lutter contre le développement du tabagisme en France.

L’une des mesures phares du texte était à l’origine l’instauration du paquet de cigarettes sans logo.

Une règle déjà appliquée en Australie et qui devrait l’être en Grande-Bretagne et en Irlande. Elle est vivement rejetée par les industriels du tabac, qui trouve auprès de la Confédération des buralistes un appui indéfectible dans leurs opérations de lobbying en France.

25 235 buralistes

Ce puissant groupement revendique de parler au nom des 25 235 buralistes répartis sur le territoire national et qui ont vu passer dans leurs caisses 24 milliards d’euros en 2014, résultant de ventes de produits aussi divers que des tickets de jeu ou de la confiserie. Ce montant ne représente pas, à proprement parler, un chiffre d’affaires car les buralistes touchent une commission sur la vente de produits du tabac.

Cette commission fixée dans le cadre d’un contrat d’avenir négocié avec le gouvernement a progressé. Elle est passée de 6,5 % en 2010 à 6,85 % en 2015 et devrait atteindre 6,9 % l’an prochain, date à laquelle le contrat devra être rediscuté. Cette revalorisation avait été accordée lorsque l’Etat avait souhaité augmenter fortement le prix des cigarettes. Les buralistes affirmaient alors qu’ils allaient perdre une partie de leur activité.

17,8 milliards d’euros

Résultat, malgré une baisse de la consommation, la hausse du prix du paquet de 25 % depuis 2010 a fait progresser le marché du tabac de 7 %, à 17,8 milliards d’euros en 2014. C’est sur ce montant que s’applique la commission des buralistes. Avec un marché et une commission en hausse, le revenu lié à la vente de tabac des buralistes a donc progressé de plus de 7 % sur cette période.

Mais ce surcroît de revenu n’est pas équitablement réparti. La Confédération des buralistes affirme que les établissements frontaliers ont vu le leur baisser de 10,6 %. La tentation des clients de passer la frontière pour acheter des cigarettes moins chères est grande. De même, elle évoque le développement du marché parallèle et brandit le chiffre d’un paquet de cigarettes sur quatre vendu hors du circuit des buralistes, que ce soit sur Internet, dans la rue ou hors des frontières.

1 000 buralistes de moins chaque année

Le président de la Confédération des buralistes, Pascal Montredon, affirme que cette tendance va se renforcer en cas d’adoption du paquet neutre et évoque même « un risque de disparition de notre réseau alors que nous perdons chaque année 1 000 buralistes ». Et de mettre en avant l’ancrage rural de certains établissements, un argument qui fait mouche auprès des élus.

Mais les fermetures peuvent avoir de nombreux facteurs, liés à la diversité de situation des buralistes et à leur palette d’activités, très large. Bar, restaurant, distribution des paris du PMU et des jeux de la FDJ… Le chiffre d’affaires peut être inférieur à 160 000 euros par an comme dépasser le million. Dans leur offensive, les buralistes ont récemment marqué des points, obtenant le droit de commercialiser les timbres fiscaux ­désormais dématérialisés. Et les députés viennent de renoncer à augmenter le prix du tabac.