Jean-Michel Baylet, ministre de l’aménagement du territoire, Bernard Cazeneuve, premier ministre, Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, et Jean-François Carenco, préfet de la région Ile-de-France, à Massy (Essonne), le 7 février 2017. | PATRICK KOVARIK / AFP

Bernard Cazeneuve était à Massy, dans l’Essonne, mardi 7 février, pour vanter l’action de Manuel Valls sur un dossier qu’il a discrètement mais fermement piloté depuis Matignon : le chantier des transports du Grand Paris. « Je sais le rôle déterminant joué par mon prédécesseur et je veux lui rendre hommage », a insisté le premier ministre.

M. Cazeneuve, qui a choisi à dessein cette ville de l’Essonne, département dont M. Valls est redevenu député, a surtout salué son action sous l’œil approbateur de Valérie Pécresse, la présidente (LR) de la région Ile-de-France. A peine élue en décembre 2015, Mme Pécresse s’était pourtant empressée de dénoncer l’« impasse financière qui se chiffrait en centaines de millions d’euros » du contrat de plan Etat-région (CPER) pour 2015-2020, signé dix mois plus tôt, entre M. Valls et Jean-Paul Huchon, à l’époque président (PS) d’Ile-de-France.

Feuille de route des investissements de l’Etat et des collectivités régionales et départementales dans tous les domaines, le CPER fixe une enveloppe financière pour cinq ans de 7,4 milliards dont 5,3 milliards pour les transports.

Terrain d’entente

Deux ans après ce procès initial, Mme Pécresse a rendu hommage, mardi, sans le nommer à l’ancien premier ministre. « Nous pouvons être fiers de la nouvelle dynamique enclenchée par la région Ile-de-France et l’Etat tout au long de l’année 2016 », s’est-elle félicitée en présence de M. Cazeneuve. A la veille des régionales de 2015, M. Valls s’était engagé à réviser les enveloppes des CPER dans chacune des régions, une fois les nouveaux exécutifs élus. En Ile-de-France, plus qu’ailleurs, les pourparlers sur la « clause de revoyure » du CPER ont été suivis de très près par Matignon.

Derrière la mise en scène médiatique d’un bras de fer politique entre Mme Pécresse et M. Valls, un point commun les a rapprochés. L’une, élue des Yvelines, et l’autre, de l’Essonne avaient un objectif commun : améliorer les transports pour les Franciliens qui vivent au-delà de la petite couronne parisienne et qui se considèrent comme les « oubliés du Grand Paris ».
Un terrain d’entente a été d’autant plus facilement trouvé que M. Valls a accédé à la demande de Mme Pécresse de lui accorder des recettes afin de compenser « la promesse non financée » selon Mme Pécresse du passe Navigo à tarif unique.

Un protocole signé en juin 2016 entre eux sur le financement des transports a trouvé une traduction rapide dans la loi de finances votée en décembre. Elle prévoit une participation plus grandes des entreprises franciliennes au financement du Syndicat des transports d’Ile-de-France et rend possible une nouvelle hausse de la taxe sur l’essence prélevée par la région. « A partir du petit deal sur le passe Navigo, on a engagé un gros deal avec Pécresse sur l’ensemble du contrat, explique un conseiller de Matignon. On en a profité pour opérer une redistribution à l’intérieur de l’enveloppe globale en faveur des dossiers qui nous semblaient prioritaires ou les plus avancés. »

Finalement, le nouveau contrat de plan permet « à la grande couronne de trouver toute sa place » dans le projet du Grand Paris, s’est félicité mardi, M. Cazeneuve, venu à Massy pour signer officiellement le document revu et corrigé par le tandem Valls-Pécresse.

Un effort pour la grande couronne

La nouvelle mouture du CPER acte la relance des opérations de grandes rocades ferrées de contournement de Paris. Il intègre ainsi pour la première fois le bouclage financier du projet de liaison de tram-train entre Massy-Palaiseau et Evry, ville dont l’ancien premier ministre fut longtemps maire. Ce projet fait partie « des opérations qui végétaient dans des cartons à tel point que les Essonniens avaient fini par croire à une chimère », a rappelé, mardi, François Durovray, président (LR) du conseil départemental.

Cette rocade desservira Ris-Orangis où M. Valls a depuis longtemps le dessein de voir naître autour de l’ancien hippodrome « un pôle tourné vers le loisir, le sport, le bien être, la santé », a rappelé M. Cazeneuve. Grâce au tramway Massy-Evry qui pourrait rouler dès 2020, Mme Pécresse espère désenclaver le plateau de Saclay et son pôle de recherche. « La région se bat pour que le plateau de Saclay accueille l’exposition universelle 2025 », a-t-elle rappelé.

Pour la première fois, le nouveau contrat inclut un plan de cofinancement du prolongement du RER E « Eole » entre La Défense et Mantes-la-Jolie (Yvelines), un des projets les plus chers du Grand Paris avec un coût de plus de 2 milliards d’euros.

Outre l’effort pour la grande couronne, l’autre marqueur de l’avenant au CPER Valls-Pécresse signé mardi, est l’amplification des crédits pour le volet routier. L’Etat et la région accordent chacun 30 millions d’euros supplémentaires pour améliorer le réseau. Ils serviront, par exemple, au contournement routier de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle par l’est, ou à réaliser des aménagements de l’autoroute A86.

Le CPER abonde enfin le financement de projets universitaires dans le Val-d’Oise et la Seine-et-Marne, deux départements « sous-dotés », selon Mme Pécresse dans le contrat Valls-Huchon.