Documentaire sur Arte à 23 h 50

ARTE CINÉMA

Rainer Werner Fassbinder (1945-1982) aurait eu 72 ans à la fin du mois de mai, une éternité pour ce réalisateur allemand mort au sommet de sa gloire, à seulement 37 ans. Pour le soixante-dixième anniversaire de sa naissance, Arte lui consacrait une soirée en diffusant Le Mariage de Maria Braun (1979), sans doute son film le plus connu, puis un ­documentaire intimiste qui ­mélangeait témoignages, archives et extraits de ses longs-métrages.

Presque trente-cinq ans après sa mort, Fassbinder laisse encore sa marque sur ceux qui l’ont approché. Ce cinéaste génial a abordé comme nul autre les angoisses et les tabous de la société allemande : la montée du nazisme dans Berlin Alexanderplatz (1980) et Lili Marleen (1981) ; l’après-guerre, le retour des soldats et le miracle économique dans Lola, une femme allemande (1981) et Le Mariage de Maria Braun ; la xénophobie dans Tous les autres s’appellent Ali (1974) ; les années de plomb avec sa contribution à L’Allemagne en automne (1978) et La Troisième Génération (1979).

Une aventure passionnante

Certes, travailler avec lui constitue une aventure passionnante mais aussi déstabilisante et violente. Etre dans le sillage de Rainer Werner Fassbinder, c’est accepter un certain asservissement, voire l’humiliation. « Ce n’était pas un ange, mais il a rendu la vie des gens qu’il a côtoyés plus intéressante », résume Irm Hermann, une de ses actrices favorites. Réalisateur ­prolifique (quarante-quatre films et séries télévisées), il enchaîne les œuvres à la vitesse grand V. Une frénésie de production qui traduit son urgence à vouloir s’exprimer, comme s’il sentait venir sa mort précoce. Une boulimie de travail qui pousse acteurs et techniciens à leur extrême limite. Le cinéaste cherche à inventer ce qui n’a jamais été fait.

Le mariage de Maria Braun
Durée : 02:56

Après une collaboration de vingt ans, Hanna Schygulla, l’héroïne du Mariage de Maria Braun, finira par se brouiller avec Fassbinder peu de temps avant sa disparition. Dans le documentaire d’Annekatrin Hendel, elle revient sur ces années qui ont marqué sa carrière artistique avec un curieux mélange de nostalgie et de détachement.

A travers les témoignages de ses amis, mécènes, collaborateurs et amants, ainsi que de ses comédiennes fétiches, ce portrait tente de saisir la personnalité complexe de l’homme, de ses démons, de sa bisexualité et de sa fragilité autodestructrice.

Fassbinder, d’Annekatrin Hendel (All., 2014, 90 min).