« On voulait livrer trois modulaires pour une installation temporaire et légère, afin de pouvoir permettre à des exilés de se doucher », a déclaré, jeudi 9 février, Vincent de Coninck, chargé de mission au Secours catholique.

Mais la mairie de Calais ne l’a pas entendu de cette oreille et a installé la veille une benne à ordures devant un bâtiment du Secours catholique, afin d’empêcher l’installation de modulaires offrant des douches aux migrants, au grand dam de l’association humanitaire.

« On a pu faire rentrer dans nos locaux les deux premiers et, ensuite, le directeur de cabinet de la mairie a fait obstacle à l’entrée du troisième, avec son véhicule personnel dans un premier temps, puis avec une benne à ordures », a-t-il ajouté.

Ce bâtiment, situé dans le centre de Calais, propriété du Secours catholique et ouvert depuis quelques mois, servait jusqu’à peu « de local vestiaire » et n’était pas ouvert tous les jours. Mais depuis janvier, des migrants, entre cent et cinq cents, et parmi lesquels de nombreux mineurs, sont de retour sur Calais. « On voit revenir à grand pas le délit de solidarité qui, théoriquement, n’existe plus », a regretté M. de Coninck.

Le Secours catholique a fait constater, mercredi, par huissier la présence de cette benne placée sur le domaine public empêchant l’entrée en voiture dans la cour du bâtiment et dit « réfléchir » à la possibilité de suites judiciaires. L’association veut également faire fonctionner les douches « dès que possible », selon M. de Coninck.

La mairie veut éviter tout retour de migrants

La mairie de Calais affirme que le Secours catholique avait ouvert ce local « de manière à distribuer des chaussures et des vêtements pour les migrants à l’époque où la lande [l’ex-« jungle » démantelée à l’automne] était en activité ». « Cela ne posait aucun problème », explique Emmanuel Agius, premier adjoint (Les Républicains).

Mais les services municipaux ont eu la surprise de découvrir mercredi des bungalows dans la cour du bâtiment « alors que rien n’avait été déclaré » auprès de la municipalité, d’après la même source. Au-delà du non-respect des règles d’urbanisme, la mairie de Calais veut éviter tout retour des migrants. « Le camp de la lande et Jules-Ferry [un centre d’accueil de jour qui existait dans l’ex-« jungle »] n’ont pas fermé pour que l’on retrouve un centre avec des douches en plein cœur de ville. C’est non ! Il faut arrêter de se moquer des élus et surtout de la population », a plaidé M. Agius.

Il s’agit du deuxième litige qui oppose la municipalité au Secours catholique. Mercredi, la mairie avait dit avoir porté plainte contre X après la découverte de ce qu’elle considère être un squat de migrants qui séjournaient sous des modulaires d’un autre local du Secours catholique, situé en périphérie de la ville.