Léa Salamé, David Pujadas et Marine Le Pen dans « L'Emission politique ». | THOMAS SAMSON / AFP

La candidate du Front national (FN), Marine Le Pen, était l’invitée de « l’Emission politique » jeudi 9 février, sur France 2, quelques jours après son premier grand meeting à Lyon. Après avoir notamment évoqué l’affaire Fillon, elle est revenue sur son programme pour l’élection présidentielle, réaffirmant notamment sa promesse d’instaurer la « préférence nationale » et ses propositions sur l’immigration. Elle a également répondu aux questions de Patrick Buisson, l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, et de la ministre de l’éducation, Najat Vallaud-Belkacem, et du maire de Montreuil, Patrice Bessac.

Retour sur les principaux points à retenir de cette émission.

  • « Priorité à l’emploi des Français »

A propos de son programme économique, Marine Le Pen a réitéré sa promesse d’inscrire la préférence nationale dans la Constitution : « Je trouve normal qu’un pays réserve une priorité à l’emploi pour ses nationaux. »

« Les choses sont très claires, nous avons 7 millions de chômeurs en France [selon le décompte le plus large, on compte en réalité environ 6 millions de chômeurs]. Donc si les entreprises n’arrivent pas à trouver une compétence, elles paieront alors plus cher pour la trouver à l’étranger. »

La présidente du FN propose de taxer les entreprises qui embauchent des étrangers, rappelant vouloir « donner une priorité à l’emploi des Français ». Alors que les journalistes de France 2 lui ont rétorqué que 200 000 emplois n’étaient pas pourvus dans la restauration, Mme Le Pen a assuré que c’était à cause de l’immigration, qui tire les salaires vers le bas : « On fait du néocolonialisme, on va chercher à l’étranger des travailleurs pour les faire travailler à bas coût. »

Elle souhaite enfin faire « du patriotisme économique, en réservant une partie de la commande publique aux entreprises françaises ».

  • Relocalisation des entreprises françaises

Sur ce sujet, Marine Le Pen a annoncé qu’elle ferait « la même chose que le président américain Donald Trump, qui a obtenu la relocalisation des activités américaines » :

« J’expliquerai à ces entreprises que si elles ne viennent pas en France, elles seront frappées d’un droit de douane. Nous verrons pour le montant, pour M. Trump c’est 35 % et ça a fonctionné. Ce n’est pas l’économie qui décide, c’est la politique. »

Interrogée par une citoyenne, Christelle Marcerou, chômeuse de catégorie C, sur la question du chômage des seniors, Mme Le Pen a répondu qu’« on ne réglera le problème qu’en réglant le problème général du chômage : patriotisme économique, réindustrialisations, mesures en faveur des très petites et moyennes entreprises ». Elle souhaite ainsi abaisser l’impôt sur les sociétés, avec un taux intermédiaire à 24 %.

  • Renforcement des critères pour obtenir la nationalité française

Interrogée sur la question migratoire, Marine Le Pen a confirmé sa volonté de supprimer « la prise en charge de la gratuité des soins des clandestins, l’aide médicale d’Etat » ainsi que l’école gratuite pour « des gens qui ne devraient pas être là ».

« La naturalisation par mariage ne sera plus automatique, et nous renforcerons les critères pour obtenir la nationalité, a-t-elle également fait savoir. Je trouve ahurissant d’accorder la nationalité française à des gens qui ont un casier judiciaire. »

La présidente du FN a ensuite réitéré sa volonté de fermer les frontières pour freiner l’immigration :

« Je suis pour retrouver des frontières nationales. On ne luttera pas contre l’immigration sans frontières. Je ne suis pas un monstre […] Il est évident qu’il faut prendre les gens [lorsqu’ils sont en train de chavirer en Méditerranée] et les mettre sur nos propres bateaux, puis il faut les ramener chez eux. Et il faut mettre en place des campements humanitaires dans les pays limitrophes des pays en guerre. »

Marine Le Pen a également défendu son projet d’interdire les doubles nationalités hors Union européenne. « C’est le cas en Allemagne je crois », a-t-elle avancé. En réalité, la binationalité est autorisée en Allemagne depuis 2000.

  • Bannir les signes religieux de l’espace public

Débattant avec le maire (PCF) de Montreuil (Seine-Saint-Denis), Patrice Bessac, Marine Le Pen a rendu certains élus municipaux responsables du « communautarisme, vivier de l’islam radical » en France. Inquiète de la « relégation vestimentaire » et de la « relégation physique des femmes » dans certains lieux, la député européenne d’extrême droite a accusé M. Bessac d’avoir « reculé sur la laïcité ». « Vous nous mettez aujourd’hui dans la situation d’être obligés de rappeler la laïcité, c’est vrai, d’une manière ferme », lui a-t-elle dit.

Interrogée sur sa volonté d’interdire la kippa et le voile dans l’espace public, Mme Le Pen a annoncé qu’elle souhaitait interdire les signes religieux dans l’espace public : « La loi est la loi, si je renforce la loi de 2004 [qui encadre le port de signes religieux dans les établissements scolaires publics], tout le monde devra s’y soumettre. »

  • Affaire Fillon : « Une sale odeur de trafic d’influence »

Pour Mme Le Pen, le principal problème dans l’affaire Fillon est la relation entre le candidat de la droite et la compagnie d’assurance Axa. « Qui sont les clients de la société de conseil de François Fillon ? Il y a Axa, et cela pose problème, a-t-elle affirmé. Quand je vois que Fillon a été payé par Axa, je me demande si quand la Sécurité sociale est modifiée dans son programme, ça n’est pas aussi la contrepartie des sommes qui lui ont été versées. »

« Il y a derrière tout cela une sale odeur de trafic d’influence peut-être, de conflit d’intérêts à tout le moins, des hommes politiques qui se servent de leurs mandats, de leurs responsabilités ministérielles pour avantager des petits copains ou alors qui se font remercier après les avoir aidés », a-t-elle poursuivi.

Sur l’affaire des assistants parlementaires FN au Parlement européen, qui concerne Marine Le Pen, la candidate a de nouveau clamé son innocence. Les instances européennes l’accusent d’avoir rémunéré avec des fonds européens comme assistante parlementaire Catherine Griset, entre 2010 et 2016, alors que celle-ci travaillait essentiellement pour le FN. Cette dernière était en effet secrétaire puis chef de cabinet de Mme Le Pen au même moment et dispose, par ailleurs, d’un bureau au siège de la campagne présidentielle de la candidate frontiste, à Paris.

Mais Mme Le Pen a refusé de restituer les 300 000 euros que lui réclame Bruxelles. « Le Parlement est contre nous au quotidien, s’est-elle plainte jeudi soir. La réalité est que le Parlement se sert de ce type d’affaire sans queue ni tête […] parce que nous nous opposons constamment aux initiatives européennes. »

Marine Le Pen racontée en 60 secondes
Durée : 01:43