Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à Ankara lors d’un discours le 7 février. | ADEM ALTAN / AFP

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a validé vendredi 10 février une révision constitutionnelle visant à renforcer ses pouvoirs et qui doit être soumise à référendum en avril.

Le référendum « est prévu pour le 16 avril », a déclaré un le vice-premier ministre, Numan Kurtulmu, lors d’une allocution retransmise en direct, ajoutant : « Si Dieu le veut, la Turquie entrera dans une nouvelle ère », après le scrutin.

Cette réforme constitutionnelle permet de transférer au président le pouvoir exécutif qui jusque-là appartenait au premier ministre, dont le poste disparaît – une première depuis la fondation de la Turquie moderne par Mustafa Kemal Atatürk, en 1923. Avec la nouvelle Constitution, le chef de l’Etat aura le pouvoir de nommer ou limoger les ministres.

L’opposition craint une dérive autoritaire

Le président Erdogan explique que sa réforme donnera plus de stabilité à la Turquie et supprimera les coalitions instables du passé. Avec cette réforme, les élections législatives se tiendront désormais en même temps que l’élection présidentielle, tous les cinq ans, contre quatre actuellement. Le nombre de députés passera de 550 à 600.

La Constitution actuelle, votée en 1982, garantit l’indépendance de la justice face à l’exécutif. Si la réforme est définitivement adoptée, le président pourra intervenir directement dans le fonctionnement de la justice. Aux termes de la nouvelle réforme, le président et le Parlement choisiront ensemble quatre membres du Haut Conseil des juges et procureurs, chargé de nommer et de destituer le personnel du système judiciaire. Le Parlement en choisira seul sept membres.

Ses opposants disent craindre qu’un régime présidentiel ne vienne conforter la dérive autoritaire qu’ils disent constater avec les arrestations de dizaines de milliers de magistrats, militaires, policiers, journalistes et universitaires depuis le coup d’Etat manqué du 15 juillet.