L’écrivain Eric Plamondon | Le Monde

Face à l’automatisation annoncée de nombreux métiers et tâches, la créativité devient une compétence cardinale. Mais elle n’est pas automatique, et nécessite un travail quotidien. C’est ce qu’a expliqué l’écrivain Eric Plamondon lors de la conférence « La créativité, ça s’apprend ? » organisée dans le cadre de l’événement consacré à l’orientation, organisé par Le Monde les 10 et 11 février à Cenon, « O21, s’orienter au XXIe siècle ». Entretien.

Est-il possible d’être créatif sans être passionné ?

Eric Plamandon : Je ne crois pas. Pour être créatif il faut avant tout se faire plaisir. Et donc choisir quelque chose qui nous passionne dans lequel on est bien, sur lequel on peut passer des heures à travailler juste parce qu’on aime le faire.

La passion, est-ce que ça s’apprend ?

Tout le monde peut être créatif mais il faut travailler pour cela. Autrement dit : la créativité ne s’apprend pas, mais se « pratique », intensément. Elle est un muscle, comme le cerveau. Alors, comme le bodybuilder est obligé de faire ses exercices tous les jours pour améliorer et accroître la taille de ses muscles, le créatif doit faire ses exercices tous les jours, ce qui n’est pas toujours facile. Baudelaire disait ainsi que la créativité est un « travail journalier ».

Lorsqu’on décide de faire de la créativité son métier, son quotidien, qu’est-ce qui est le plus difficile ?

Il faut assumer ce qu’on fait, et ne pas être obnubilé par le regard des autres. Quand, en tant qu’écrivain par exemple, on écrit un livre destiné au public, si on n’assume pas ce qu’on a écrit, on n’écrira plus derrière. Il faut donc avoir confiance en soi et ne pas avoir peur de la critique. Il y aura toujours des gens qui n’aiment pas ce qu’on fait.

D’où l’intérêt de commencer en premier à chercher le plaisir, à faire les choses pour soi-même. Si ça fonctionne pour les autres, tant mieux. Si ça ne fonctionne pas, on continue pour soi-même. Comme disait Theodore Roosevelt : « Il est difficile d’échouer, mais il encore plus difficile de ne pas avoir essayé. »

Si vous aviez un conseil à donner à un jeune qui souhaite vivre de sa créativité mais qui est inquiet ?

Les créatifs ont leur place partout, même si la créativité n’est pas valorisée dans tous les milieux. Il ne faut donc pas vouloir tout changer tout de suite, prendre le temps. Y aller par petites touches, comme un tableau qui se construit doucement par des coups de pinceaux successifs. La vie, lorsqu’elle est créative, est aussi faite de ces petits coups de pinceau.

Après Lille et Cenon, Le Monde organise son événement O21, s’orienter au XXIe siècle à Villeurbanne (15 et 16 février) et à Paris (4 et 5 mars). Inscription gratuite, places limitées.