Des manifestants s’éloignant des gaz lacrymogènes lancés par les forces de sécurité, dans le centre de Bagdad (Irak), le 11 février 2017. | © Mahmoud Raouf Mahmoud / Reute / REUTERS

Venus réclamer des réformes électorales avant un scrutin provincial prévu en septembre, des manifestants ont été accueillis par les gaz lacrymogènes et les balles en caoutchouc des forces de sécurité irakiennes samedi 11 février. « Les violences ont fait sept morts, dont deux membres des forces de l’ordre et cinq manifestants », a déclaré un responsable de la police, qui a également fait état de plus de 200 blessés.

La manifestation avait débuté pacifiquement et plusieurs orateurs se sont exprimés devant une foule nombreuse place Tahrir. Mais lorsque les milliers de manifestants ont tenté de se diriger vers la Zone verte, secteur fortifié dans le centre de Bagdad qui abrite la commission électorale et l’essentiel des institutions clés de l’Etat, la police les en a empêché en formant un cordon policier que les manifestants ont ensuite essayé de franchir.

« Les forces de sécurité ont tiré des grenades lacrymogènes pour les stopper [les manifestants] mais ils ont insisté », a expliqué un responsable de la police.

Les manifestants, essentiellement des partisans du chef chiite Moqtada Sadr, avaient reçu son feu vert pour une escalade de leur mouvement de contestation. Dans un communiqué, le dignitaire chiite avait encouragé :

« Si vous voulez vous approcher des portes de la Zone verte pour affirmer vos revendications et les faire résonner auprès de ceux de l’autre côté de la clôture (…) vous pouvez ».

Descendant d’une influente famille religieuse, Moqtada Sadr s’est réinventé comme un champion des réformes en Irak après être devenu populaire en se rebellant par les armes contre les Américains à la suite de l’invasion de l’Irak en 2003.

Reprise d’un mouvement démarré en 2015

Ces violences sont les plus meurtrières depuis qu’a débuté en 2015 un mouvement de contestation réclamant de meilleurs services publics et accusant la classe politique de corruption et de népotisme.

L’année dernière, les partisans de Moqtada Sadr ont manifesté maintes fois pour réclamer des réformes politiques, surtout la formation d’un nouveau gouvernement, et protester contre l’inaction du Parlement.

Les manifestations avaient cessé avec le lancement en octobre de l’offensive de l’armée pour reprendre la ville de Mossoul aux djihadistes du groupe Etat islamique (EI). Mais l’annonce, le mois dernier, que les élections provinciales se tiendraient en septembre a remis la politique à l’ordre du jour et les partisans de Moqtada Sadr se préparent à reprendre leur campagne de protestations.