Le jour même où François Fillon est allé chercher le soutien de Nicolas Sarkozy, François Bayrou l’a définitivement lâché. Invité mercredi 15 février de l’émission « Questions d’info » sur LCP en partenariat avec Le Monde, France Info et l’AFP, le patron du MoDem a déclaré : « Je ne vois pas où l’obstination de François Fillon mène. Le soutenir est impossible. »

Très critique, le maire de Pau conteste la capacité du candidat de droite à poursuivre sa campagne. « Quand bien même, par une espèce de miracle électoral, François Fillon remporterait cette élection, comment gouvernerait-il ? », s’est-il interrogé

« Et avant cela, comment faire une campagne électorale dont tout l’axe était de demander des sacrifices aux gens, de faire travailler davantage les salariés et les fonctionnaires sans les payer davantage, de s’émouvoir qu’on puisse accumuler un certain nombre d’allocations, s’indigner de ce qu’il y avait des gens qui recevaient des aides alors qu’ils ne travaillaient pas. Cette campagne est à mes yeux, impossible à faire. »

Interrogé sur le système de défense du candidat de droite qui invoque « la séparation des pouvoirs » pour contester au Parquet national financier (PNF) le droit d’enquêter sur la rémunération versée à son épouse et à ses enfants en tant que parlementaire, le centriste a rétorqué : « La séparation des pouvoirs, ce n’est pas la protection des abus ni la dissimulation des dérives, autrement n’importe quelle exaction pourrait être faite par un parlementaire au sein de l’Assemblée nationale. »

Marine Le Pen, « l’opposante universelle »

Selon lui, les Français sont choqués par cette affaire parce qu’ils ont « le sentiment que selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. Pire, selon que vous serez puissant ou misérable, vous pourrez vous dégager de la règle et vous appliquer à vous-même des privilèges, ou bien au contraire vous serez poursuivi. »

Le maire de Pau a déclaré que si Les Républicains commettaient « cet acte de sagesse » d’aller chercher Alain Juppé, il le soutiendrait, « car il est celui qui représente pour les Français quelque chose de cette loyauté de la vie publique que je plaide ». En réalité, il en doute et le temps presse. Lui-même doit décider s’il se représente pour la quatrième fois à l’élection présidentielle.

François Bayrou prendra sa décision dans les tout prochains jours « entre le 15 et le 20 février » parce que le recueil des signatures pour la présidentielle commence le 23. D’ici là, il pèse le pour et le contre avec gravité. « Je n’ai jamais vécu une situation aussi grave que celle dans laquelle nous sommes », a-t-il fait valoir. Allusion au climat des affaires mais aussi à la dynamique de Marine Le Pen devenue « l’opposante universelle ». Il n’écarte plus l’hypothèse qu’elle puisse gagner.

« La seule question que je me pose, c’est “quelle décision dois-je prendre pour que la France s’en sorte et non quelle décision dois-je prendre pour me faire plaisir” », a-t-il déclaré en se disant partisan d’« alliances » et de « rassemblements » parce que « un seul parti ne peut pas avoir la majorité à lui tout seul ».

Interrogé sur un éventuel rapprochement avec Emmanuel Macron qu’il a rencontré en juillet 2016, François Bayrou s’est dit « prêt à discuter avec tout le monde » tout en soulevant des « interrogations » sur le programme de l’ancien banquier d’affaires. « J’imagine qu’Emmanuel Macron ne va pas en rester au discours bienveillant », a-t-il ajouté. Signe que le centriste est en attente.