Presnel Kimpembe au duel face à un Lionel Messi étouffé, le 14 février 2017. | CHRISTOPHE SIMON / AFP

« C’est un rêve qui se réalise. » C’est Presnel Kimpembe qui le dit. Presnel Kimpembe ? A part les supporteurs du Paris-Saint-Germain, peu de Français avaient eu l’occasion de le voir jouer. Et encore moins en Ligue des champions. Pour cause, le jeune défenseur parisien de 21 ans n’avait encore jamais disputé de match européen avant la fameuse soirée du 14 février 2017.

Appelé à la rescousse au dernier moment après le forfait du capitaine Thiago Silva, blessé au mollet, il a vécu une soirée de rêve avec ses coéquipiers, le baptême du feu se transformant en feu d’artifice face au FC Barcelone, balayé 4-0 en huitièmes de finale aller de la Ligue des champions.

En apprenant le forfait de l’expérimenté Silva, le trio infernal du Barça composé de Messi, Neymar et Suarez devait pourtant se frotter les mains à l’idée de s’amuser avec un bizut. Las. Avec l’autre Brésilien de la défense centrale parisienne, Marquinhos, le jeune Presnel, a parfaitement assuré l’intérim. Imprenable défensivement face à la redoutable attaque catalane, Kimpembe a réalisé une performance à l’image de son équipe : époustouflante. A l’issue de la rencontre, l’intéressé, peu habitué des micros, expliquait que sa « Saint-Valentin était sur le terrain avec les supporteurs, l’équipe, le staff, tout le monde ! On a senti beaucoup de chaleur au Parc aujourd’hui, c’était le plus important. » Comme s’il sortait d’un match comme les autres…

Issu du centre de formation du PSG

Comme son ami Adrien Rabiot, également virevoltant mardi soir, Presnel Kimpembe sort du centre de formation du PSG. Né à Beaumont-sur-Oise en 1995, il fait ses premiers pas de footballeur dans le petit club d’Eragny, dans le Val-d’Oise. En 2005, repéré par des recruteurs du PSG, il intègre le centre de formation. Il y fait ses classes, jusqu’à atteindre en 2013 les quarts de finale de la Youth League, l’équivalent de la Ligue des champions chez les jeunes. Toutefois, il peine à se faire une place avec les pros quand l’ami Rabiot multiplie les matchs en Ligue 1.

« J’ai toujours cru en moi. Toutes ces épreuves m’ont fait grandir et me donnent la rage aujourd’hui. Les gens n’imaginent pas la difficulté pour y arriver », dit-il aujourd’hui. Plus d’une fois, il aurait pu abandonner. Trop petit pour se mesurer aux grands attaquants, trop frêle pour tenir le poste de défenseur central… nombreux ont été les reproches entendus par le Francilien au bord du terrain au début de sa carrière. « J’ai galéré quand même. En préformation, je ne jouais pas beaucoup (…) Alors que tout le monde signait en pro, moi j’ai dû attendre la dernière année. J’ai vraiment eu du mal à décoller. (…) J’ai vécu au PSG des moments très difficiles. Ils ne m’ont pas fait de cadeau », expliquait-il à L’Equipe en début de saison.

« Thiago Silva m’aide énormément tactiquement »

Mais Presnel s’est accroché. Et progresse dans tous les domaines, technique ou physique. « A la fin de mes 19 ans, j’ai senti que je commençais à être présent. Physiquement [il mesure aujourd’hui 1,83 m], j’avais changé. Et j’avais une autre mentalité. » Laurent Blanc le lance dans le grand bain un soir d’octobre 2014, face à Lens (3-1), afin de reposer les cadres Thiago Silva, Marquinhos et David Luiz. Qui le lui rendent bien : « David Luiz m’a pris sous son aile. Il m’a aidé à être ce que je suis aujourd’hui. A la fin des entraînements, il me faisait bosser (…) Thiago Silva, lui, m’aide énormément tactiquement, à travers des vidéos. Ils sont derrière moi. Ce sont de bons mecs. »

Presnel Kimpembe le visage fermé avant son tout premier match de Ligue des champions face au FC Barcelone, le 14 février 2017. | LIONEL BONAVENTURE / AFP

Tout bascule durant l’été 2016. Alors que Marquinhos et Thiago Silva (déjà) sont indisponibles, il forme la charnière centrale parisienne aux côtés de David Luiz pour les premiers matchs de championnat. Ses prestations sont propres. On découvre un joueur qui aime le combat, en plus d’être juste techniquement. Depuis le début de la saison 2016-2017, il a déjà été titularisé à quinze reprises, dont les deux derniers matchs du PSG, face à Lille (2-1) et à Bordeaux (0-3), qui lui ont permis de définitivement gagner la confiance du vestiaire parisien. Et de recevoir l’hommage du latéral belge Thomas Meunier : « Presnel a cette élégance, cette facilité, c’est vraiment un joueur moderne, il veut toujours construire de derrière. » Idée partagée par l’expérimenté Maxwell, 35 ans, qui, dès le début du championnat, vantait son « énorme avenir ».

Kimpembe attend désormais sa première sélection avec les Bleus

Face au trident catalan, le défenseur a impressionné par sa sérénité. A aucun moment, il n’a donné l’impression de paniquer. « Je tiens à lui faire une mention spéciale, a lancé après le match Patrick Kluivert, le directeur du football du PSG. Il sort du centre de formation du PSG, un jour avant il apprend qu’il sera titulaire contre Barcelone et il a montré ses qualités en faisant un très grand match. » Un véritable test passé haut la main, qui n’a pas laissé de marbre son binôme d’une soirée hors du commun : « Tout le monde connaissait ses qualités, son talent. Aujourd’hui, il l’a démontré en Ligue des champions (…) Jouer face au FC Barcelone avec une ligne d’attaque Messi, Suarez et Neymar en face, ce n’est pas facile (…) Toute l’équipe est contente pour lui, pour le match qu’il a fait aujourd’hui », a déclaré un Marquinhos sous le charme.

Les parisiens Blaise Matuidi, Thomas Meunier, Layvin Kurzawa, Presnel Kimpembe, Edinson Cavani et Julian Draxler célèbrent leur démonstration face aux barcelonais. | PHILIPPE LOPEZ / AFP

Déjà dans les petits papiers du sélectionneur de l’équipe de France, Didier Deschamps, qui avait fait appel à lui pour remplacer Eliaquim Mangala en octobre 2016, face à la Bulgarie et aux Pays-Bas en éliminatoires du Mondial, Presnel Kimpembe attend désormais sa première sélection avec les Bleus. Sa prestation face au Barça le rapproche un peu plus d’un autre rêve.