Lors d’une opération policière visant des membres présumés de l’EI, le 5 février, à Adiyaman (sud-est de la Turquie). | Mahir Alan / AP

Les autorités turques ont annoncé, mardi 14 février, avoir écroué l’un des planificateurs de l’attaque contre la discothèque Reina à Istanbul, qui a causé la mort de 39 personnes dans la nuit du Nouvel An. Il s’agit d’un Franco-Turc âgé de 22 ans, qui, selon le parquet, aurait vécu en France jusqu’en 2009.

Selon la presse, il était dans le viseur de la police depuis le mois de janvier. Le jour de son interpellation, les policiers ont trouvé sur lui le bail de l’appartement loué par Abdulkadir Macharipov, le tueur présumé du Reina, arrêté le 16 janvier par la police turque.

Mentionné par ses seules initiales (A. S.), l’homme a été arrêté par la police à Istanbul, dimanche 12 février. Originaire de la province d’Antalya, il a été mis en examen puis écroué à la prison de Burdur (sud de la Turquie) après avoir avoué sa participation dans la préparation de l’attaque.

Des cellules de l’EI démantelées

Bien que son rôle exact n’ait pas été révélé, A. S. est décrit comme « l’un des planificateurs » de l’attaque perpétrée la nuit du réveillon contre le Reina, une boîte de nuit branchée située sur la rive européenne d’Istanbul. Cette nuit-là, un homme armé d’un fusil d’assaut y avait fait irruption, ouvrant le feu sur les clients qui dansaient et buvaient de l’alcool. Trente-neuf personnes avaient été tuées, pour la plupart des ressortissants de pays arabes venus se divertir en Turquie pour les fêtes du Nouvel An.

L’organisation Etat islamique (EI) avait revendiqué l’attaque, ce qu’elle ne fait jamais pour la Turquie, préférant en général laisser planer le doute. Dans son communiqué, l’EI revendiquait des représailles contre la Turquie « protectrice de la croix » et responsable d’attaques mortelles « contre des musulmans en Syrie ».

Après deux semaines de traque, le tueur, un ressortissant Ouzbek nommé Abdulkadir Macharipov et âgé de 34 ans, a été arrêté le 16 janvier dans un appartement flambant neuf de la banlieue d’Istanbul où la police a retrouvé la somme de 190 000 dollars (180 000 euros) en liquide.

Selon la presse turque, sa capture a permis aux autorités de démanteler plusieurs cellules de l’EI, dont les services reconnaissent la capacité de nuisance puisque l’organisation disposerait de centaines de « cellules dormantes » sur le sol turc, de l’aveu des services turcs de sécurité (MIT).

Plusieurs attentats avaient été attribués à l’EI, notamment ceux perpétrés en 2015 contre des militants de la gauche prokurde (à Suruç le 20 juillet 2015, puis à Ankara le 10 octobre 2015) ainsi que l’attaque qui a visé l’aéroport international Atatürk d’Istanbul, le 28 juin 2016, causant la mort de 45 personnes.

Entendu par un juge ce week-end, Abdulkadir Macharipov a reconnu être l’auteur de la tuerie de la discothèque Reina. Il a confirmé que ses instructions venaient de Rakka, la capitale autoproclamée de l’EI, dans l’est de la Syrie.

« Tuer des chrétiens »

Au cours de son audition, il a raconté avoir envisagé dans un premier temps de lancer une attaque sur Taksim, une place très fréquentée dans le centre d’Istanbul mais, après avoir constaté qu’elle était bien gardée, il s’est rabattu sur le Reina, sur les conseils de son contact en Syrie, un certain « Abou Djihad ». « Abou Djihad m’a transmis les photos et l’adresse du Reina (…). On communiquait par textos. Je ne l’ai jamais vu. Je suis allé au Reina, il y avait ni policiers ni gardes de sécurité. Je ne regrette rien. »

Publiés par la presse, les procès-verbaux de ses auditions révèlent un homme déterminé à tuer des chrétiens. «Je n’ai participé à aucune action avant le Reina. Je voulais perpétrer une attaque contre des chrétiens pendant leurs fêtes pour me venger des actes criminels qu’ils commettent à travers le monde. Mon but était de tuer des chrétiens », a-t-il expliqué au juge. Pourtant, la plupart des victimes du Reina étaient des musulmans, des ressortissants arabes pour la plupart.

L’homme a regretté être resté en vie après l’attaque. « J’étais venu pour mourir », a-t-il dit alors que contrairement aux auteurs des attaques précédentes – à Suruç, à Ankara et à l’aéroport – il ne portait pas de ceinture explosive. « Je n’ai rien fait contre la République de Turquie, je n’ai fait que me venger », a-t-il expliqué au juge, disant préférer la peine de mort à toute autre condamnation.