Documentaire sur Canal + à 22 h 50

CAGOLE FOREVER - D'où vient le mot "cagole" ? (Extrait)
Durée : 00:24

Le dictionnaire Larousse en ligne donne, en guise de définition de la « cagole », à laquelle Canal + consacre un piquant documentaire, ceci : « Régional (Sud-Est). Jeune femme extravertie, un peu écervelée et vulgaire. » Une représentante de l’espèce, en général décriée ou moquée par le nord, lâche : « Pour un parisien, une blonde avec l’accent du sud, c’est déjà une cagole ».

Car, en effet, la cagole doit avoir « l’aquessent » et « Marseille est son berceau », comme il est justement affirmé par Sébastien Haddouk, auteur de cette immersion en cagolie. Sinon c’est moins bien, moins épicé, moins efficace. Les cagoles ch’tis des émissions de téléréalité Les Marseillais et Les Ch’tis (sur W9), ne valent pas, chacun sait, leurs copines du sud.

Mais la cagole est internationale : on la trouve partout, sous diverses vêtures et appellations, de Madrid à Tokyo, de Bucarest au 9-3. Partout, elle est surattifée, peinte comme un camion volé, avec le verbe et le rire bien accrochés.

CAGOLE FOREVER - Marseille, berceau de la cagole ? (Extrait)
Durée : 00:23

La cagole, expliquent au micro de Sébastien Haddouk quelques jeunes intellectuelles versées dans le sujet, est d’essence vulgaire, c’est-à-dire, au sens premier, populaire. Sinon, la cagole bascule dans la catégorie de la bimbo, avec ses signes extérieures de richesse, son corps refait.

On trouvera la bimbo de préférence à Nice, à Cannes (en saison de festival), à Monaco. Ainsi que le dit Josyane Balasko, interrogée sur l’insondable sujet de la nature de la vulgarité, lors d’un défilé de mode : « Il y a des cagoles de luxe à chier par terre. »

La cagole marseillaise, la vraie, ne dépense pas des milliers d’euros en chaussures Louboutin ; elle se contente, ainsi que le montre Sébastien Haddouk, d’apposer sur ses faux ongles « inquisitoirement prolongés », comme dirait le grand écrivain cubain José Lezama Lima, la nuance de rouge dont le chausseur couvre les semelles de ses escarpins.

CAGOLE FOREVER - Pamela, Nabilla...du stéréotype à la mythologie (Teaser)
Durée : 00:37

La cagole va au contraire choisir de la chaussure tape-à-l’œil « qui ressemble à des boules à facettes », mais pas chère. Et si possible haut perchée sur ces « pilotis » célébrés par la chanson Elles ont des pilotis du groupe de reggae marseillais Massilia Sound System.

Remontée d’un minimum de 15 cm, court vêtue, empailletée, les chairs débordant de décolletés trop pigeonnants, strassée, lunettes de soleil en serre-tête, la cagole est l’épitomé de la bombe. Comme le dit sans détour le commentaire de Cagole Forever : « De la culotte au soutif, tout doit péter. »

La cagole sait jusqu’où aller trop loin : toujours plus loin. D’ailleurs, celle qui a appris dans la rue à répondre aux insultes sexistes des machos, n’a cure de ce qu’on pense d’elle. Oui, elle est « trop tout » ; mais cela ne regarde qu’elle-même.

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Durée : 00:33

D’ailleurs, qu’exprime donc la cagole ? Affirme-t-elle l’exultation du corps disponible ou cache-t-elle, par ce trompe-l’œil aveuglant, sa solitude ? L’une des femmes interrogées dit : « Je tiens jusqu’à sept heures du matin, en boîte de nuit, sans alcool ni drogue… » Mais après ?

« C’est pas tes oignons ! » rétorquera, avec raison, la cagole. Qui, insolemment, laisse entendre que, peut-être, comme le dit la chanson Comme d’habitude, « Même la nuit,
[elle va] jouer à faire semblant ».

Car la cagole, est-il permis de penser, finit par artistement tromper son monde en faisant de l’outrageux surlignage des signes de sa féminité une parfaite tenue de camouflage.

Cagole Forever, de Sébastien Haddouk (Fr., 2106, 53 min.). Egalement sur Canal + à la demande.