Les occupations de conseils d’administration d’université par des étudiants et des personnels se multiplient ces derniers mois, que ce soit pour protester contre des budgets d’austérité ou des projets de fusion. L’une d’entre elles a dégénéré, le 14 février, à l’université de Franche-Comté, où l’envahissement du conseil d’administration par une vingtaine d’étudiants a donné lieu à l’intervention des forces de l’ordre, suivie de dix-neuf gardes à vue. Huit plaintes ont été déposées pour « séquestration » par des administrateurs, d’après le parquet de Besançon (Doubs), qui a indiqué, le 17 février au Monde, que l’enquête se poursuivait.

La branche locale de l’organisation Solidaires étudiant-e-s, l’AMEB, avait appelé à bloquer cette réunion, dont l’ordre du jour était l’examen des capacités d’accueil fixées par les masters de l’établissement – désormais sélectifs à l’entrée de la première année s’ils le souhaitent – en application de la réforme nationale de la sélection en master adoptée en décembre dernier. L’organisation étudiante voulait marquer son opposition à « une compétition renforcée entre les étudiants » et à une « hiérarchisation croissante entre les masters ».

Dix-neuf personnes en garde à vue

Vers 14 h 30, un groupe d’étudiants, dont certains avaient « le visage masqué avec une photo du président de l’université », est « entré de force » dans la salle, a déclaré à l’AFP la procureure de la République, Edwige Roux-Morizot. Selon la magistrate, ils ont « séquestré » pendant à peu près deux heures la dizaine de membres du conseil d’administration présents en bloquant la sortie avec des chaises.

Face à leur refus de sortir de la pièce, « la police a donné l’assaut », a-t-elle décrit. Dix-neuf personnes ont alors été placées en garde à vue pour « séquestration », et « rébellion » pour deux d’entre elles. Toutes ont été relâchées après vingt-quatre heures, sauf deux étudiants dont la garde à vue a été prolongée jusqu’au 16 février.

Lors d’une conférence de presse, le président de l’université, Jacques Bahi, a dénoncé des « violences psychologiques et physiques » et annoncé que, outre les plaintes, il lancerait des procédures disciplinaires.

Les étudiants contestent toute « séquestration »

Une version que contestent des syndicats étudiants, qui ont organisé plusieurs rassemblements de protestation depuis. Solidaires étudiant-e-s tout d’abord, dénonce des « plaintes abusives » et demande l’abandon des poursuites. « Il n’y a eu aucune violence, tout s’est déroulé dans le calme, les étudiants avaient apporté des brioches, assurent-ils dans un communiqué, cosigné avec d’autres organisations syndicales (CGT, FSU, Sud, FO, UNEF). Personne n’a été séquestré. Jusqu’à l’intervention de la police l’atmosphère était bon enfant. »

« Il n’y avait aucune raison de faire appel aux forces de l’ordre, c’est une réaction totalement disproportionnée et cela a été très violent, accuse également Lara Bakech, responsable de la commission universitaire à l’UNEF, dont l’un des élus assistait à la réunion du 14 février.