Après plusieurs jours marqués par des violences et des heurts avec la police lors de rassemblements liés à l’affaire d’Aulnay-sous-Bois, les autorités s’inquiètent de la nouvelle manifestation prévue samedi 18 février à Paris, à partir de 15 heures, place de la République. Ce rassemblement contre les violences policières est organisé à l’initiative de plusieurs organisations – Cran, Ligue des droits de l’homme, MRAP, SOS racisme, CGT, UNEF et FSU – mais les policiers craignent qu’une minorité de casseurs ne viennent perturber son bon déroulement.

« Il y a toujours des tensions et c’est pour cela que je veux sans cesse rapprocher la police de la population », a déclaré vendredi le ministre de l’intérieur, Bruno Le Roux, sur France 2, interrogé sur des incidents survenus jeudi à Bobigny. Treize personnes avaient été interpellées ce jour-là dans cette ville de Seine-Saint-Denis à la suite du rassemblement non déclaré d’environ 200 jeunes, marqué jusque dans la soirée par des échauffourées avec les forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes.

Débordements à Rouen

Les violences urbaines qui ont éclaté dans le sillage de l’interpellation violente de Théo L. le 2 février, essentiellement en région parisienne, ont cependant marqué une décrue depuis plusieurs jours.

A Rouen, vendredi soir, une nouvelle manifestation contre les violences policières a donné lieu à des débordements, les forces de l’ordre procédant à huit interpellations, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Quelque 150 personnes, selon la police, principalement des jeunes, s’étaient rassemblées vers 18 heures sur la rive gauche de la ville, à la station Saint-Sever du métro-tram. Quelques prises de parole de militants d’extrême gauche, peu écoutés, dénonçant les violences policières mais appelant aussi à un rassemblement pacifique, ont eu lieu. Puis rapidement plusieurs dizaines de personnes ont couru en direction de cordons de CRS à plusieurs centaines de mètres de là, pour aller les provoquer. Les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, a constaté l’Agence France-Presse (AFP).

« La justice fera son travail »

« Le calme est revenu vers 19 h 45. Il y a eu trois abribus détruits, quelques feux de poubelles et la police a procédé à 8 interpellations », a indiqué le secrétaire général de la préfecture Yvan Cordier. « La situation a été rétablie avec plus de facilité que la fois dernière », a-t-il commenté. Mercredi soir, après un rassemblement au même endroit, d’importantes dégradations avaient eu lieu, notamment dans une rue piétonne toute proche, cette fois-ci mieux protégée par la police. Il y avait eu 22 interpellations et 2 blessés légers.

Une manifestation a également eu lien à Nantes, sans incident. Environ 250 personnes étaient présentes, selon la préfecture de Loire-Atlantique.

Théo L., un jeune homme de 22 ans, a quitté l’hôpital jeudi, deux semaines après son viol présumé lors d’une interpellation brutale le 2 février à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Quatre policiers ont été mis en examen, dont un pour viol, dans cette affaire devenue hautement politique. Lui souhaitant « un bon rétablissement », le ministre de l’intérieur a assuré vendredi que « la justice fera son travail ». Les policiers « doivent être les premiers à défendre les valeurs de la République et si j’estime qu’ils ne le font pas, alors il y a des sanctions », a répété Bruno Le Roux.