« Justice pour Théo », pouvait-on lire sur les pancartes brandies lors de la manifestation qui s’est tenue samedi 18 février à Paris. | LIONEL BONAVENTURE / AFP

« Justice pour Théo », « Stop aux violences », « A bas le racisme et la violence d’Etat » : environ 2 300 personnes, selon la préfecture de police, se sont rassemblés place de la République à Paris, samedi 18 février, pour protester contre les violences policières. Une nouvelle manifestation en soutien à Théo L., victime d’un viol présumé lors de son interpellation brutale le 2 février à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis.

Notre journaliste Chloé Marriault est sur place :

La place de la République était placée sous étroite surveillance. Plusieurs dizaines de camions de compagnies républicaines de sécurité (CRS) et de gendarmes mobiles étaient postés sur les différents axes menant à la place et les personnes porteuses de sacs se voyaient fouillées, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP). La station de métro République était fermée. Craignant des débordements, le préfet de police de Paris a interdit dans ce périmètre la vente à emporter et la détention de boissons alcoolisées ou conditionnées dans un contenant en verre.

« On ne pardonne pas »

Peu après 15 heures, les premiers slogans se sont fait entendre : « On n’oublie pas, on ne pardonne pas ! », « Police partout, justice nulle part ! », « C’est l’impunité et l’injustice, alors désarmons la police ! » Une banderole barrée de l’inscription « De Zyed et Bouna à Théo et Adama, à bas le racisme et la violence d’Etat » a également été déployée.

Un peu avant 17 heures, une source policière a affirmé qu’un groupe de quelques centaines de personnes « testait les barrages des forces de l’ordre » en jetant des projectiles sans entraîner de riposte, alors que le rassemblement était terminé.

Ce rassemblement parisien est notamment organisé par des associations antiracistes et des syndicats, comme le CRAN, la Ligue des droits de l’homme, le MRAP, SOS-Racisme, la CGT, l’UNEF ou encore la FSU*. Plusieurs élus ceints de leur écharpe tricolore, notamment le député écologiste Noël Mamère, ont pris part au rassemblement.

Ces derniers jours, plusieurs rassemblements ont donné lieu à des débordements. | ALAIN JOCARD / AFP

« L’affaire Théo n’est pas qu’un fait divers, c’est un problème structurel de violences policières que la France doit avoir la maturité de traiter », a déclaré le président de SOS-Racisme, Dominique Sopo. Le dirigeant de l’association s’est dit « déçu » de la réunion à laquelle les associations antiracistes ont été conviées lundi à Matignon. « Aucune solution concrète n’a été proposée et aucune mesure que nous avons proposée n’a été reprise », a-t-il regretté. Il s’est notamment montré favorable à un retour de la police de proximité et à l’affectation de policiers expérimentés dans les quartiers populaires.

Théo L., un jeune homme de 22 ans, a quitté l’hôpital jeudi, deux semaines après son viol présumé. Quatre policiers ont été mis en examen, dont un pour viol, dans cette affaire devenue hautement politique. Mercredi et jeudi, deux rassemblements non déclarés avaient donné lieu à des heurts et des dégradations à Paris et à Bobigny. Vendredi, c’est à Rouen que des débordements ont eu lieu à la suite desquels huit personnes ont été interpellées.

*CRAN (Conseil représentatif des associations noires de France), MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), CGT (Confédération générale du travail), UNEF (Union nationale des étudiants de France), FSU (Fédération syndicale unitaire).