Bernard Giudicelli a été élu samedi 18 février à Paris président de la Fédération française de tennis (FFT). | FRANCOIS GUILLOT / AFP

Ses adversaires l’accusent d’autoritarisme, ses partisans louent sa force de caractère et de travail : Bernard Giudicelli a été élu samedi 18 février à Paris président de la Fédération française de tennis (FFT). Surnommé « Le Corse » en raison de ses origines, le nouveau président de la FFT succède à Jean Gachassin à la tête d’une instance plombée par une guerre intestine, des déboires judiciaires et de mauvais résultats.

Giudicelli, qui fêtera ses 59 ans lundi, s’est imposé face à son principal adversaire, Jean-Pierre Dartevelle, vice-président chargé de la compétition, avec qui il s’est entre-déchiré durant la campagne.

Giudicelli a été élu avec 51,9 % des voix, devant Jean-Pierre Dartevelle, qui a recueilli 48,1 % des voix. Outsider, Alexis Gramblat, un avocat de 38 ans, vice-président du Tennis club de Paris, s’est classé 3e, avec aucune voix.

Des avis partagés

Bernard Giudicelli, personnage charismatique, suscite des avis tranchés. « Il est autoritaire. Soit vous êtes avec lui, soit vous êtes contre lui. Avec lui aux commandes, les gens à la FFT craignent un grand coup de balai », s’inquiète auprès de l’AFP une source interne à la fédération.

« Il est dangereux pour l’avenir de la Fédération. C’est quelqu’un d’ambitieux mais pour lui », renchérit Alexis Gramblat, candidat malheureux à la présidence. Dans l’entourage de Bernard Giudicelli, on rétorque au contraire que le nouveau président a certes « des convictions » mais « est ouvert au dialogue ».

« Ceux qui l’entourent sont des hommes et des femmes de caractère. Si, comme la légende le fait courir, c’était un dictateur et un coupeur de têtes, on ne serait pas avec lui », assure Stephan Post, son colistier pour l’élection de samedi.

Campagne houleuse

Giudicell, père de deux enfants, occupait jusque-là le poste de secrétaire général de la FFT depuis 2013. Président de la Ligue de Corse depuis 1991 et chairman du comité de la Coupe Davis depuis 2015, il succède à Gachassin, en poste depuis 2009 et qui avait annoncé en mai 2015 qu’il ne briguerait pas un 3e mandat.

La désignation de Giudicelli clôt une campagne houleuse, menée alors que le parquet national financier enquête sur des faits présumés de trafic de billets de Roland-Garros. Jean Gachassin est le principal visé dans cette affaire. Il est soupçonné d’avoir cédé illégalement des billets - entre 250 à 700 par an - à prix coûtant à un ami, agent de voyage dans son Sud-Ouest natal, qui les aurait revendus au moins cinq fois plus cher.

Le président sortant est aussi suspecté de trafic d’influence, dans le cadre du chantier d’extension de Roland-Garros. Gachassin nie. Giudicelli et Dartevelle aussi. Tous deux sont soupçonnés d’avoir revendu de manière illicite des billets et étouffé les suspicions de malversations pesant sur leur président. Un véritable « pacte du silence » selon l’Inspection générale de la jeunesse et des sports (IGJS).

Cinq clubs de tennis ont obtenu de la justice la désignation d’un mandataire pour représenter la FFT dans ce dossier.

Sur le plan sportif, la France n’a plus gagné la prestigieuse Coupe Davis depuis seize ans et aucun Français (chez les messieurs) n’a réussi à remporter un tournoi majeur depuis Yannick Noah à Roland-Garros il y a trente-quatre ans.