Alors que de nouvelles manifestations dénonçant les violences policières se sont tenues samedi 18 février dans le pays, Benoît Hamon, candidat de la Belle Alliance populaire – le Parti socialiste (PS) et ses alliés – à l’élection présidentielle, regrette, dans un entretien publié dans le Journal du dimanche, que le quinquennat qui s’achève n’ait pas permis « d’apaiser les relations entre la police et la population ».

« Il y a incontestablement un rendez-vous manqué entre François Hollande et les banlieues. Il y a eu, en 2012, une volonté d’agir pour les quartiers. Mais, aujourd’hui, soyons lucides : en cinq ans, avons-nous apaisé les relations entre la police et la population ? Fait régresser le sentiment d’humiliation ? Amélioré l’intégration sociale ? », souligne M. Hamon tout en notant que « des mesures ont été prises, comme la garantie jeune et les emplois d’avenir ».

Le député des Yvelines déclare vouloir « pacifier la relation entre la police et le contrôlé » et juge que le récépissé est « l’un des moyens » pour y parvenir. « La police pense que cela jette la suspicion sur elle et je comprends l’émoi que cela peut provoquer. Mais qu’un de ses représentants affirme que bamboulaest un terme convenable, c’est insupportable », dit-il.

« Double déni »

M. Hamon rappelle aussi qu’il veut mettre en place « une police des discriminations ». Il s’agirait d’« un corps d’inspecteurs qui, par des contrôles inopinés, s’assure[rait] qu’il n’y a pas de discriminations, à l’embauche ou à la location, ou encore à l’entrée d’un lieu public en raison de son sexe ».

Par ailleurs, s’il « constate une montée du fondamentalisme et du communautarisme » dans les banlieues et note qu’il « existe au sein de l’islam une dérive sectaire, violente et fanatique », M. Hamon refuse les « prédictions apocalyptiques ».

A ses yeux, il existe « un double déni », celui « de la République, qui a laissé se développer des ghettos sociaux et territoriaux » et « celui de musulmans qui disent que cette dérive-là est extérieure à l’islam » alors qu’il y a « une offensive très forte de groupes religieux qui testent la République et veulent mordre sur les libertés fondamentales, notamment celles qui concernent les femmes ».

La perspective d’un rapprochement avec Mélenchon s’éloigne

Face à cette offensive l’ancien ministre de l’éducation nationale propose de « rappeler le principe absolu, la laïcité, et de revenir à la loi de 1905, qui protège aussi bien la fille habillée en short que celle qui veut librement porter le foulard ».

Sur ce terrain, le candidat socialiste met en garde contre la candidate du Front national (FN), Marine Le Pen, qui « détourne la laïcité pour en faire un instrument antimusulman ». Si elle arrive au pouvoir, « c’est l’embrasement garanti des banlieues », prédit-il.

Par ailleurs, alors que la perspective d’un rapprochement avec le candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, semble s’éloigner, M. Hamon a déclaré, samedi, en marge d’un déplacement au Portugal : « Je ne courrai pas après Jean-Luc Mélenchon, je ne cours après personne, je n’oblige personne. »

La veille, M. Mélenchon avait de son côté affirmé qu’il n’avait « pas l’intention de s’accrocher à un corbillard » en parlant du PS. Pascal Cherki, député (PS) de Paris et conseiller de M. Hamon, a regretté, samedi, devoir « constater que Jean-Luc Mélenchon a fermé la porte » aux discussions entre les deux candidats à la présidentielle.