Julien Lizeroux dépité après sa sortie de piste dans le slalom, dimanche. | DIMITAR DILKOFF / AFP

Un seul titre individuel en slalom géant avec Tessa Worley et une victoire dans l’épreuve par équipes : le ski alpin français repart des Mondiaux de Saint-Moritz avec un bilan loin des ambitions affichées et devra tirer les leçons de la faillite de son leader Alexis Pinturault, encore en échec dimanche dans le slalom.

Après les trois médailles décrochées en 2015, à savoir l’or pour Jean-Baptiste Grange en slalom et les deux médailles de bronze de Pinturault en géant et d’Adrien Théaux en super-G, le directeur technique national, Fabien Saguez, avait cette fois fixé un objectif très (trop ?) ambitieux de cinq médailles.

Mais à cause de l’échec des descendeurs, de Pinturault et des slalomeurs, le compteur est resté bloqué à deux breloques, avec l’or par équipe et le titre pour Worley en slalom géant.

Avec deux médailles d’or, la France pointe cependant au troisième rang des nations, derrière l’Autriche (9 médailles dont 3 d’or) et la Suisse (7 médailles dont 3 d’or) et devant les Etats-Unis et le Canada (3 médailles dont 1 titre). Et ce à un an des Jeux olympiques de Pyeongchang.

Il faut remonter aux Mondiaux de 2007 à Are en Suède pour retrouver un pire bilan, avec l’unique médaille de bronze de Grange en slalom, et à 2003, déjà à Saint-Moritz, avec un zéro pointé.

Pinturault arrivait « très fatigué »

Favori à la fois en combiné, dont il a conservé cette année le petit globe de vainqueur de la Coupe du monde, et en slalom géant, avec trois victoires cette saison, « Pintu » a semblé céder sous la pression. Dimanche, il a de nouveau échoué, chutant dans la première manche d’un slalom remporté par l’Autrichien Marcel Hirscher, qui repart lui avec deux titres. Seule éclaircie : sa participation à la victoire dans l’épreuve par équipes.

Dixième du combiné, puis septième du géant, le skieur de Courchevel le reconnaît : « Je fais des Mondiaux mauvais, très mauvais. » « Quand je suis arrivé ici, j’étais très fatigué », a-t-il expliqué dimanche, indiquant qu’il pourrait alléger son calendrier l’an prochain avant les Jeux olympiques.

Médaillé de bronze olympique en géant à Sotchi, à 25 ans, celui qui a dépassé la légende Jean-Claude Killy au nombre de victoires en Coupe du monde (19) court encore après un premier titre mondial individuel, qui lui donnerait enfin une place incontestable au panthéon du ski français.

« Il finit peut-être par étouffer »

Alexis Pinturault après son échec dans le slalom géant, avec sa compagne Romane Faraut, chargée de sa communication. | FABRICE COFFRINI / AFP

Car le skieur n’en finit pas de décevoir, voire d’agacer, lui qui s’entraîne en marge de l’équipe de France, bénéficie des moyens généreux de son sponsor Red Bull et ne dormait pas dans l’hôtel des Bleus pendant les Mondiaux. Ce qu’on lui reproche ? De s’isoler du groupe. Pinturault vit une grande partie de l’année à Innsbruck et a confié sa communication à sa compagne Romane Faraut.

« Il est perfectionniste et tout est mis en œuvre, jusque dans le moindre détail, pour qu’il réussisse, explique un proche de l’équipe de France sous couvert d’anonymat. Mais à trop se renfermer sur lui-même, il finit peut-être par étouffer. »

Autre explication possible, la fatigue d’un skieur qui a également disputé le super-G (6e). « Il faut qu’on voie s’il y a un problème de fraîcheur par rapport aux dix jours passés, voir si on doit faire des impasses ou non pour être meilleur sur des événements plus longs », commente David Chastan, le patron du groupe masculin.

Avec pour meilleur résultat en descente la 10e place de Brice Roger et la 25e de Tiffany Gauthier, la vitesse française n’a pas brillé. En super-G, outre la 6è place du polyvalent Pinturault, Blaise Giezendanner pointe au 14e rang devant Théaux, 16e. Chez les filles, Worley a fini 8e et Romane Miradoli 16e. Les Bleus qui misaient également sur une médaille en combiné ont là aussi déchanté.

Depuis Marion Rolland, championne du monde de descente en 2013 et désormais retraitée, aucun tricolore n’a accédé au podium en descente. Une raison d’espérer, à un an des JO : Jean-Luc Crétier était devenu champion olympique de descente en 1998 à Nagano sans avoir jamais remporté une seule épreuve de Coupe du monde.