Donald Trump a rejeté les questions sur la montée de l’antisémitisme aux Etats-Unis la considérant comme « insultante », se décrivant comme « la personne la moins antisémite ». | © Kevin Lamarque / Reuters / REUTERS

Saint Paul, dans le Minnesota, Buffalo et Amherst, dans l’Etat de New York, Birmingham, en Alabama, Houston, au Texas, Cleveland, dans l’Ohio, Tampa, en Floride… Une douzaine de centres juifs à travers les Etats-Unis ont reçu des alertes à la bombe nécessitant leur évacuation, lundi 20 février, ont annoncé les organisations juives et les autorités.

Ces menaces téléphoniques proférées à l’encontre de onze sites différents portent à 69 le nombre total des incidents de ce genre survenus depuis janvier dans 27 Etats américains et une province canadienne, selon le Jewish Community Center Association of North America (JCC).

L’ensemble des menaces reçues lundi étaient de fausses alertes, souligne le JCC, et la situation dans les centres communautaires est revenue à la normale.

Condamnation unanime

Le FBI et le département de la justice ont ouvert une enquête et l’administration Trump a condamné ces actes : « La haine et les violences motivées par la haine de toutes sortes n’ont pas leur place dans un pays fondé sur la promesse de la liberté individuelle. Le président a clairement et abondamment dit que ces actes sont inacceptables », a déclaré un haut responsable.

La fille du président républicain, Ivanka Trump, convertie au judaïsme, a également dénoncé ces menaces. « Les Etats-Unis sont une nation fondée sur le principe de la tolérance religieuse. Nous devons protéger nos lieux de culte et centres religieux. #JCC », a-t-elle réagi sur Twitter.

Multiplication des actes antisémites et faux pas

Dans le Missouri, une centaine de tombes d’un cimetière juif de Saint Louis ont été profanées ce week-end, ont rapporté les médias locaux. Un chiffre que la police a refusé de confirmer.

Selon un récent rapport du Southern Poverty Law Center (SPLC), qui recense les actes racistes et lutte contre l’extrémisme, le nombre de groupes propageant la haine continue d’augmenter et atteint presque un pic historique, qu’il explique par la montée du « populisme de droite » qui s’est manifesté pendant la campagne présidentielle et a porté selon lui M. Trump à la victoire. L’arrivée comme conseiller à la Maison Blanche de Stephen Bannon, ancien dirigeant de Breitbart News, site proche de l’extrême droite, n’a rien fait pour rassurer.

Dans les dix jours qui ont suivi la victoire de M. Trump le 8 novembre, le SPLC a dénombré 867 incidents racistes aux Etats-Unis, dont 100 à caractère antisémite. Des journalistes juifs ont aussi été la cible d’attaques antisémites sur les réseaux sociaux.

A l’occasion de la journée mondiale à la mémoire des victimes de l’Holocauste, Donald Trump avait également été montré du doigt pour un communiqué dans lequel il prônait « la tolérance partout dans le monde », mais sans évoquer une seule fois spécifiquement les juifs, premières victimes de l’Holocauste.

Propos décousus du président

Interrogé le 15 février lors d’une conférence de presse commune avec Benyamin Nétanyahou sur la recrudescence des actes antisémites aux Etats-Unis ces derniers mois, Donald Trump a rejeté la question, la considérant comme « insultante » et se décrivant comme « la personne la moins antisémite ».

Puis dans une réponse elliptique et décousue, il a ajouté : « J’espère être en mesure de faire quelque chose à propos de cela » et que l’on verrait « beaucoup d’amour » aux Etats-Unis ces prochaines années.

De son côté, le vice-président américain, Mike Pence, s’est recueilli dimanche lors d’une visite du camp nazi de Dachau en Allemagne. « Visite émouvante de Dachau aujourd’hui. Nous ne devons jamais oublier les atrocités commises contre les juifs et les autres pendant l’Holocauste », a-t-il écrit sur Twitter.