Roberto Azevedo, directeur général de l’OMC, le 22 février 2017. | FABRICE COFFRINI / AFP

Paperasserie, opacité, files d’attente : les entraves à la circulation des marchandises à travers les frontières sont multiples, chronophages et coûteuses. C’est à ces lourdeurs qu’entend s’attaquer l’accord sur la facilitation des échanges, conclu en 2013 et entré en vigueur mercredi 22 février.

Ratifié à la majorité des deux tiers des membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) grâce aux derniers ralliements de la Jordanie, d’Oman, du Rwanda et du Tchad, cet accord douanier global va enfin pouvoir prendre effet. Son objectif ? Simplifier et standardiser les procédures douanières à travers le monde, raccourcir les délais et accroître la transparence.

« Les effets sur le commerce sont potentiellement importants car on enlève des frictions dans le système, et ceci avec un coût limité », estime Lionel Fontagné, professeur à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et auteur d’une note récente sur le sujet. Selon des estimations de l’OMC, le coût total du commerce devrait ainsi diminuer de plus de 14 %. Les échanges mondiaux pourraient augmenter de 1 000 milliards de dollars (951 milliards d’euros) chaque année, avec des bénéfices particulièrement importants pour les pays en développement.

Combattre la corruption aux frontières

Un autre enjeu est de combattre la corruption aux frontières, problématique dans de nombreux pays. Correctement appliqué, l’accord vise à limiter au strict minimum les contacts entre le client et les douanes, réduisant les opportunités de réclamer pots-de-vin et dessous-de-table. Un mécanisme permet aux pays les moins avancés et en développement de solliciter une assistance pour réussir à appliquer toutes les dispositions prévues.

« Il s’agit de la plus importante réforme du commerce mondial depuis une génération », s’est félicité le directeur général de l’OMC, Roberto Azevedo. Consensuel, l’accord est pourtant mis en œuvre au terme d’une procédure mouvementée. En 2014, le texte a été bloqué par l’Inde pendant des mois, au point de faire redouter que capote pour de bon le cycle de Doha, engagé depuis 2001.

Certains experts restent pourtant sceptiques sur les gains effectifs d’un tel accord. « Beaucoup de clauses relèvent de la déclaration d’intention, affirme Sébastien Jean, directeur du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii). On peut émettre des doutes sur le caractère contraignant des engagements pris et la réalité des changements qu’ils peuvent apporter. »