C’est un joli coup que vient de réussir AccorHotels ! Le groupe hôtelier français a annoncé, mardi 21 février, la nomination « à l’unanimité » de Nicolas Sarkozy en tant qu’administrateur indépendant. L’ancien président de la République présidera un « comité stratégie internationale » créé pour l’occasion. C’est « à la demande » expresse du PDG, Sébastien Bazin, que M. Sarkozy rejoint AccorHotels. Le numéro cinq mondial de l’hôtellerie avait bien besoin d’un tel renfort. Le secteur de l’hôtellerie est en pleine phase de consolidation. Pour preuve, la fusion, à l’automne 2016, des deux américains Marriott et Starwood a donné naissance au numéro un mondial. Dans cette course au gigantisme, AccorHotels, numéro un en Europe, ne veut pas se laisser distancer. La venue de l’ancien chef de l’Etat va contribuer à « l’accélération de notre stratégie d’expansion dans le monde », a ainsi indiqué AccorHotels.

Une mission revendiquée par M. Sarkozy, qui s’est déclaré « très heureux de participer au développement et au rayonnement international d’AccorHotels, un des fleurons des entreprises françaises ». L’ancien président de la République aura pour tâche de « promouvoir les marques d’AccorHotels dans le monde », précise le groupe. En pratique, M. Sarkozy mettra son carnet d’adresses au service du groupe hôtelier. Il pourrait avoir fort à faire. Sous l’impulsion du PDG, AccorHotels s’est lancé dans une montée en gamme à marche forcée. En décembre 2015, le groupe a mis 2,6 milliards d’euros pour racheter les enseignes de luxe Fairmont et Raffles et jouer dans la cour des palaces. Pour prix de ses services, l’ancien chef de l’Etat percevra près de 60 000 euros de jetons de présence par an pour une dizaine de réunions.

Des amis de trente ans

Ce n’est pas un hasard si M. Sarkozy s’est laissé séduire par la proposition d’AccorHotels. L’ancien président de la République et le PDG du groupe hôtelier se connaissent bien et depuis longtemps. Des amis de trente ans ! Le 13 mai 1993, Fleur, la fille cadette de M. Bazin, faisait partie des 21 enfants retenus en otage par Human Bomb dans une classe d’une école maternelle de Neuilly-sur-Seine. Des petits otages libérés grâce, notamment, à l’intervention directe de Nicolas Sarkozy, alors maire de la ville. Depuis ce tragique épisode, Sébastien Bazin vouerait une reconnaissance éternelle à M. Sarkozy.

Leur amitié s’est renforcée sur terrain vert. Celui du PSG. En 2006, le fonds d’investissement Colony Capital Europe, alors présidé par M. Bazin, participait au rachat du club de football parisien. Une opération pas vraiment couronnée de succès. Cinq ans plus tard, en juin 2011, c’est M. Sarkozy, supporteur assidu du club parisien, qui aurait joué les go-between et présenté Qatar Sport Investment (QSI) qui, in fine, rachètera la participation de Colony Capital dans le PSG. Faire sortir Colony Capital semble devenu une habitude de l’ancien chef de l’Etat. Au conseil d’administration d’AccorHotels, il remplace ainsi Nadra Moussalem, qui quitte ses fonctions après la cession par Colony Capital de sa participation dans le groupe hôtelier.

Au conseil d’administration d’AccorHotels, M. Sarkozy sera en pays de connaissance. A l’occasion du rachat de Fairmont et Raffles, le Qatar est devenu l’un des actionnaires de référence du groupe hôtelier avec 10,3 % du capital. Il est tout juste devancé par l’opérateur chinois Jin Jiang, qui détient 12,5 % d’AccorHotels. L’on peut penser qu’en plus de ses activités de lobbying Nicolas Sarkozy aura aussi pour mission de garder un œil sur ces deux actionnaires aux dents longues.