Le président du directoire de PSA, Carlos Tavares, a pour la première fois dressé un tableau du futur mariage entre Opel et PSA devant les représentants des actionnaires de référence du groupe réunis lors d’un conseil de surveillance, mercredi 22 février. L’instance a principalement examiné les résultats financiers de l’entreprise, qui seront divulgués jeudi 23 février en début de matinée, mais la question d’Opel a été ajoutée à l’ordre du jour au dernier moment et donc, selon nos informations, abordée largement.

Sans surprise, M. Tavares a présenté sous un jour très positif ce qui va probablement ressembler davantage à une alliance qu’à une fusion. Opel devrait en effet rester une marque allemande à part entière, les clients étant, selon le patron de Peugeot-Citroën, très attachés à cette identité. L’avantage principal du rapprochement résidera dans la capacité de la nouvelle entité à produire 5 millions de véhicules à l’horizon 2020-2021, soit 16 % de plus que la somme des productions actuelles de PSA et d’Opel-Vauxhall, qui a atteint 4,3 millions de voitures en 2016.

Carlos Tavares a aussi identifié deux difficultés qui restent à surmonter dans la négociation. Premièrement, qui financera les retraites des salariés d’Opel, à savoir des engagements de sept milliards d’euros ? Deuxièmement, que faire de la partie européenne de GMAC – la « Banque Opel » –, sachant que le groupe français possède déjà son propre établissement, Banque PSA Finance ? La création d’une coentreprise avec un grand établissement financier est à l’étude. La banque Santander a été évoquée.

Tavares reconduit à l’unanimité pour quatre ans

M. Tavares n’a pas caché qu’Opel-Vauxhall présente quelques faiblesses en matière de compétitivité. Il a en particulier signalé que la masse salariale de la marque anglo-allemande représente 15 % du chiffre d’affaires, contre 10 % côté PSA. Le président du directoire n’envisagerait toutefois pas de suppression de site et compte améliorer la productivité de la future entité grâce à des plans de compactage analogues à ceux mis en place dans les usines de PSA : rassemblement de la production dans un nombre réduit de bâtiments et généralisation d’une organisation monoligne, rassemblant la production de chaque site sur une chaîne de montage unique.

Ceci devrait rassurer la première ministre britannique, Theresa May, que Carlos Tavares avait prévu de joindre ce mercredi soir. Plus tôt dans la journée, le gouvernement d’Angela Merkel a déclaré soutenir le projet de rapprochement :

« Il appartient désormais aux entreprises concernées de mener leurs discussions à leur terme et le gouvernement allemand va les accompagner de manière positive. »

Les trois principaux actionnaires ont exprimé à ce stade un avis favorable au rapprochement avec Opel : la famille Peugeot, qui détient au total 12,8 % du capital, l’Etat français (12,8 % aussi), sous réserve d’un maintien de l’emploi en France, et le représentant du constructeur chinois Dongfeng (13 %). Le conseil de surveillance a d’ailleurs reconduit à l’unanimité le directoire de PSA, dont son président Carlos Tavares, pour quatre nouvelles années.