Le Conseil national des barreaux (CNB), l’institution nationale représentative des avocats, veut faire entrer la justice au cœur de la campagne présidentielle. Mercredi 22 février, Pascal Eydoux, président du CNB, a présenté un questionnaire adressé à l’ensemble des candidats. « Ce que nous attendons des candidats, c’est leur vision de la justice, qu’ils nous disent s’ils entendent remettre la justice au cœur de la République », explique M. Eydoux, qui déplore l’absence d’intérêt des pouvoirs publics pour ce sujet.

Alors même que le contexte d’état d’urgence et de lutte contre le terrorisme devrait favoriser l’émergence d’une véritable réflexion sur la place de l’autorité judiciaire, Pascal Eydoux déplore la crainte des pouvoirs publics à son égard. « L’autorité judiciaire n’est pas souhaitée par l’ensemble des pouvoirs publics. Elle est plus crainte que souhaitée », estime-t-il. Le président du Conseil national des barreaux juge que les pouvoirs publics négligent la justice depuis des années et évoque une justice « maltraitée ».

Le Conseil national des barreaux a donc décidé de solliciter l’ensemble des candidats déclarés à l’élection présidentielle pour obtenir de leur part des engagements précis en matière de justice. Il leur a adressé un questionnaire décliné autour de plusieurs thématiques (le budget de la justice, l’accès au droit, l’exercice professionnel ou encore les droits fondamentaux).

« Déclarations inquiétantes »

Pour réaliser ce questionnaire, le CNB a interrogé préalablement les 65 000 avocats de France autour de 33 questions relatives à l’avenir de la profession et au fonctionnement de la justice. Si seulement 3 % des avocats se sont exprimés, le Conseil national des barreaux assure que leurs réponses donnent une image fidèle des attentes des professionnels. C’est donc à partir de ce sondage et des travaux internes du Conseil national des barreaux que les avocats ont choisi d’interpeller les candidats.

La question des droits fondamentaux apparaît comme une préoccupation particulière de la profession. Face aux menaces de Marine Le Pen et de François Fillon de sortir la France de la Cour européenne des droits de l’homme, Pascal Eydoux parle de « déclarations inquiétantes » et exhorte les candidats à prendre position : « Soit on doit la quitter, soit on accepte de respecter cette autorité judiciaire comme l’autorité nationale. [Les candidats] doivent avoir le courage de le dire s’ils veulent quitter la Cour européenne des droits de l’homme. »

Le Conseil national des barreaux laisse aux candidats la possibilité d’apporter leurs réponses jusqu’au 10 mars et promet une large diffusion de leurs propositions, dès le début du mois d’avril.