Documentaire sur France 5 à 23 h 50

MNA face à la juge | © J2F Productions

Fasciné par la justice, Cyril Denvers s’est presque fait une spécialité de cet univers dont il livre fréquemment des plongées où, tout en éclairant les ressorts d’un monde complexe et souvent décrié, il donne à travers ce prisme un état de notre société. La qualité de ses documentaires – on pense à sa passionnante série Un procureur sur la ville, diffusée récemment sur Planète +, n’est sans doute pas étrangère au fait qu’il soit parvenu à s’introduire dans un lieu où d’ordinaire les caméras sont interdites, les audiences s’y tenant à huis clos : le tribunal pour enfants.

Durant plusieurs semaines, le documentariste a suivi cinq magistrats du tribunal de Lille – le plus grand de France en la matière – qui ont accepté d’entrouvrir leur porte pour « témoigner de leur engagement face aux défaillances sociales et familiales dont l’enfant est la première victime », explique Cyril Denvers. Et, par là même, tordre le cou à certaines idées reçues sur la justice des mineurs, jugée trop sévère pour certains, trop laxiste pour d’autres.

Subtil et didactique

La réalité se révèle évidemment bien plus subtile que cela si l’on tient compte de la double responsabilité pénale et civile – soit la répression et la protection – de ces magistrats face à des enfants qu’ils retrouvent bien souvent sur ces deux champs. A l’image de Kenza, 17 ans, condamnée à de multiples reprises pour des faits de violence et qui comparaît devant le tribunal correctionnel pour mineurs présidé par Gisèle Delcambre, qui, par ailleurs, suit l’adolescente dans le cadre de la protection de l’enfance depuis son plus jeune âge. Ou Adam, 16 ans, placé à 3 ans dans un foyer afin de l’écarter d’une mère toxicomane, qui vient d’être arrêté au volant d’une voiture volée lui servant de domicile…

Consacrant près de 80 % de leur temps à la protection de l’enfance, ces magistrats évoquent le poids d’un métier, dont le souci éducatif est parfaitement souligné – qui les voit se confronter à « des situations tellement dégradées qu’elles touchent les frontières de ce qui est inconcevable ». De cette plongée âpre et didactique dans ces « tribunaux de l’intime », rien n’est omis : ni l’augmentation de la délinquance en nombre et en faits graves, ni la faillite d’un département qui, faute d’argent, ferme les foyers pour mineurs étrangers, forcés de vivre dans la rue.

Des juges et des enfants, de Cyril Denvers (Fr., 2016, 70 min).