Philippe Crouzet, président du directoire de Vallourec. | ERIC PIERMONT / AFP

Le salut de Vallourec viendra de la poursuite de sa discipline financière et de la relance de la production des hydrocarbures de schistes aux Etats-Unis. C’est le message que Philippe Crouzet, le président du directoire, a lancé, mercredi 22 février, en présentant des résultats 2016 du spécialiste mondial des tubes sans soudure.

Ils sont marqués par une perte nette de 758 millions d’euros (contre 865 millions en 2015), un résultat brut d’exploitation qui s’est creusé à 219 millions (contre 77 millions) et un recul du chiffre d’affaires tombé à 2,96 milliards (– 22 %) en raison d’une chute des volumes vendus et des prix, même si l’on constate une reprise au cours du dernier trimestre sur le marché américain.

Ces résultats 2016 sont « en ligne avec les objectifs annoncés en début d’année, dans un environnement difficile ». Le secteur pétro-gazier a en effet été marqué par une deuxième année de coupes claires dans ses dépenses d’exploration-production. Elles avaient atteint un record en 2014, avant de reculer de 25 % en 2015, puis de 23 % l’an dernier.

Les dirigeants de Vallourec veulent croire que 2016 marquera le bas du cycle et que le rebond sera pour cette année. « La reprise de l’Amérique du Nord va nous porter pendant l’année », a indiqué M. Crouzet, alors qu’« en termes de livraisons de tubes, on reste à des niveaux très bas » en Europe, au Moyen-Orient et en Asie. C’est vrai dans le secteur des hydrocarbures, qui assure les deux tiers de l’activité, comme sur les autres marchés (énergie électrique et industrie).

Les prix de vente resteront bas

Si les volumes augmentent, les prix de vente resteront bas, et le groupe ne bénéficiera pas du relèvement progressif de ses tarifs avant le second semestre, a toutefois prévenu M. Crouzet. Ainsi escompte-t-il une amélioration de son résultat brut d’exploitation de 50 à 100 millions d’euros, qui restera donc négatif à hauteur de 119-169 millions, alors que le flux de trésorerie disponible sera toujours négatif (– 395 millions en 2016).

Sans s’avancer sur des objectifs précis au-delà de 2017, le patron de Vallourec réaffirme sa confiance en une reprise des investissements des compagnies pétrolières après trois années consécutives de baisse (2015-2017). Dans les coûteux projets d’extraction d’hydrocarbures par grandes profondeurs et surtout le pétrole de schiste américain. Outre-Atlantique, le nombre d’appareils de forage en activité a été multiplié par près de deux depuis le point bas atteint mi-2016. « Je crois que la reprise américaine est assez solide », analyse M. Crouzet.

Ces investissements seront d’abord nécessaires pour maintenir le niveau de production des puits, qui baisse naturellement de 5 % en moyenne par an si l’on n’y investit pas des dizaines de milliards de dollars. A la fin de la décennie, l’offre de brut risque d’être insuffisante pour répondre à une demande soutenue (+ 1,6 million de barils par jour attendus cette année), préviennent plusieurs patrons de multinationales et les experts de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Un contre-choc pétrolier n’est donc pas exclu, qui verrait les prix s’envoler à nouveau. Les patrons d’ExxonMobil et de Total viennent d’annoncer un prudent redémarrage de leurs investissements. « Les fondamentaux de la reprise sont toujours là. Quand va-t-elle se produire à grande échelle, c’est la grande inconnue », s’interroge M. Crouzet.

Pour l’heure, le groupe ne desserre pas la contrainte financière. Lancé en 2015, son plan de restructuration a été en grande partie réalisé. « Ses bénéfices vont apparaître progressivement en 2017 et 2018 », souligne M. Crouzet. Vallourec a réduit de moitié son outil industriel en Europe (France et Allemagne), qui ne pèse plus que 23 % de ses capacités mondiales (contre deux tiers en 2010).

Il a aussi constitué « deux pôles de production ultra-compétitifs » au Brésil (fusion de deux entités et fermeture de deux hauts fourneaux) et en Chine (prise de contrôle à 100 % de Tianda), tout en renforçant sa structure financière à travers une augmentation de capital d’un milliard d’euros. Et les économies doivent atteindre 750 millions entre 2015 et 2020. Si le marché du pétrole repart.