Pour la deuxième fois de la campagne, Emmanuel Macron devrait se rendre à nouveau à Berlin. Selon nos informations, ce déplacement pourrait avoir lieu le 14 mars et le candidat à l’élection présidentielle devrait rencontrer la chancelière, Angela Merkel, ainsi que son ministre des affaires étrangères, Sigmar Gabriel.

Une façon pour l’ancien ministre de l’économie de compléter son tableau de chasse, en ajoutant deux nouveaux rendez-vous à ceux qu’il a déjà obtenus ces derniers jours avec d’autres responsables politiques étrangers, comme le premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, jeudi 16 février, ou la première ministre britannique, Teresa May, à Londres, mardi 21 février.

C’est aussi pour lui l’occasion de donner corps à sa démarche transpartisane, dans la mesure où Mme Merkel et M. Gabriel, outre leurs fonctions gouvernementales, sont également les présidents respectifs de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et du Parti social-démocrate (SPD).

Merkel ne devrait pas soutenir de candidat

Deux mois après François Fillon, qui avait été reçu par Mme Merkel à Berlin le 23 janvier, Emmanuel Macron est donc le deuxième candidat à l’élection présidentielle à obtenir cette année un rendez-vous avec la chancelière allemande. Cependant, comme ce fut le cas lors de sa rencontre avec M. Fillon, qui n’avait donné lieu à aucun commentaire de sa part, Mme Merkel ne devrait pas apporter son soutien en tant que tel à M. Macron.

A l’exception de Marine Le Pen, la chancelière a d’ailleurs fait savoir qu’elle était prête à recevoir d’autres prétendants à l’Elysée. En adoptant cette attitude, elle souhaite ne pas donner le sentiment d’afficher une préférence pour un candidat en particulier, contrairement à ce qu’elle avait fait en 2012, quand elle avait ouvertement apporté son soutien au président sortant, Nicolas Sarkozy, candidat à sa réélection.

« En 2012, c’était particulier, puisque le président sortant était candidat. Cette fois, la situation ressemble à 2007. Comme le président Chirac, le président Hollande n’est pas candidat à un nouveau mandat. A l’époque, la chancelière avait reçu Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Cette année, elle a reçu déjà François Fillon, elle est prête à recevoir également Emmanuel Macron », dit-on à la chancellerie.

Cette seconde visite de M. Macron à Berlin, trois mois après celle des 10 et 11 janvier, lors de laquelle il s’était notamment exprimé sur l’avenir de la relation franco-allemande devant plusieurs centaines de personnes réunies à l’université Humboldt, a été calée alors que la campagne du candidat d’En marche ! suscite un net regain d’intérêt depuis le début du mois de février. Une conséquence à la fois de sa propre montée dans les sondages et des déboires de M. Fillon.

« Le beau gosse qui lit Goethe »

Jusqu’à présent, le candidat de la droite était en effet volontiers considéré outre-Rhin comme le très probable futur président de la République. Le rendez-vous qu’il avait décroché à la chancellerie, le 23 janvier, l’avait conforté dans cette posture, et ce, d’autant plus que ses deux anciens rivaux à la primaire de la droite, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, n’avaient pu, eux, rencontrer Mme Merkel qu’au siège de la CDU lors de leurs dernières visites à Berlin.

Mais la concomitance de la visite de M. Fillon à Berlin et des premières révélations du Canard enchaîné sur l’emploi fictif présumé de sa femme, Penelope, publiées vingt-quatre heures après son rendez-vous avec Mme Merkel, ont eu un effet désastreux en Allemagne, où la presse a publié de très nombreux articles consacrés à cette affaire. Après avoir été encensé par une large partie des médias allemands comme un réformateur sérieux et fiable, M. Fillon est aujourd’hui très discrédité outre-Rhin, alors que M. Macron – qui avait fait l’éloge de Mme Merkel, en particulier sur sa politique d’accueil à l’égard des réfugiés, avant sa dernière visite à Berlin, début janvier − se voit, lui, considéré avec beaucoup plus d’égard.

Cet intérêt se mesure en particulier à travers le nombre d’articles qui lui sont consacrés dans la presse depuis début février, mais aussi à leur teneur. Autant qu’au projet politique de M. Macron en tant que tel, les Allemands s’intéressent à la personnalité du candidat, comme en témoignent deux articles récents et plutôt flatteurs parus dans le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung, l’un intitulé « le beau gosse qui lit Goethe », l’autre plus directement centré sur son épouse, Brigitte, qui y est décrite comme « une sympathique copine de Jane Fonda qui aurait fait la fête à Saint-Tropez pendant quarante ans ».