Deux élections législatives partielles se déroulaient jeudi 23 février, à chaque fois dans des bastions travaillistes. A Copeland, dans le nord-ouest de l’Angleterre, les conservateurs ont provoqué la surprise en remportant le siège, qui était détenu par le Labour depuis plus de quatre-vingts ans. | SCOTT HEPPELL / AFP

L’ordre électoral qui s’est mis en place au Royaume-Uni depuis le référendum sur le Brexit se confirme : les conservateurs sont les grands vainqueurs, les travaillistes les grands perdants, et le UKIP (United Kingdom Independence Party), le parti anti-européen, peine à concrétiser dans les urnes le succès de ses idées. Deux élections législatives partielles se déroulaient jeudi 23 février, à chaque fois dans des bastions travaillistes. A Copeland, dans le nord-ouest de l’Angleterre, les conservateurs ont provoqué la surprise en remportant le siège, qui était détenu par le Labour depuis plus de quatre-vingts ans. Trudy Harrison, la candidate locale, l’emporte avec 44 % des suffrages, contre 37 % pour le travailliste. La défaite est cinglante.

Le Labour a réussi en revanche à conserver le siège de Stoke-on-Trent. Surnommée « capitale du Brexit » pour avoir voté à 69 % pour la sortie de l’Union européenne (UE) lors du référendum, la ville du centre de l’Angleterre a fait échouer le nouveau leader du UKIP, Paul Nuttall. Alors qu’il peine à s’imposer comme le successeur du charismatique et controversé Nigel Farage, il n’a recueilli que 24,7 % des voix, juste devant les conservateurs (24,4 %), mais loin derrière le candidat Labour, Gareth Snell, et ses 37 %. Le UKIP n’a toujours qu’un seul député, terminant régulièrement en deuxième ou en troisième position lors des scrutins, mais ne gagnant presque jamais.

Une attitude ambiguë

Ces résultats représentent un mauvais coup supplémentaire pour Jeremy Corbyn, le leader du Parti travailliste. Bataillant en permanence contre ses propres députés, déconnecté de l’électorat, brouillon dans son opposition, celui-ci est au plus bas dans les sondages. Le Labour n’est plus crédité que de 26 % des voix environ, contre 44 % pour les conservateurs. Trudy Harrison, la nouvelle élue conservatrice de Copeland, enfonçait le clou, vendredi matin : « En parlant aux gens pendant cette campagne, il est apparu clairement que Jeremy Corbyn ne les représente pas. Ils veulent un parti qui soutient les gens ordinaires et qui respecte le résultat du référendum. »

Le Parti travailliste peine en effet à trouver une ligne claire sur le Brexit. Ses propres électeurs sont profondément divisés : ceux des grandes villes, et particulièrement de Londres, sont vent debout contre la sortie de l’UE ; ceux qui sont dans les bastions ouvriers du Nord ont en revanche majoritairement voté pour le Brexit. Face à cette division, M. Corbyn, lui-même historiquement eurosceptique, a opté pour une attitude ambiguë. Il soutient de facto la première ministre, Theresa May, dans sa volonté d’un Brexit « dur », acceptant ses revendications d’une sortie du marché unique et de l’union douanière. Mais, dans le même temps, il assure qu’il ne s’agit pas d’un « chèque en blanc » et qu’il restera vigilant afin de représenter les 48 % de Britanniques qui ont voté pour rester dans l’UE. Face à cette confusion, les membres du Labour perdent espoir : les élections partielles de jeudi étaient organisées à la suite de la démission de deux députés ayant préféré accepter un emploi dans le secteur privé et quitter définitivement la politique.