Gilles Simon, Gaël Monfils, Richard Gasquet, et Jo-Wilfried Tsonga aux côtés de Yannick Noah, lors du premier tour de la Coupe Davis 2016 en Guadeloupe, à l’époque où aucun joueur ne boycottait les Bleus. | MIGUEL MEDINA / AFP

Yannick Noah avait prévenu. Echaudé par les défections de son joueur n° 1 en Coupe Davis l’an passé (Gaël Monfils, en demi-finale, en Croatie) et de sa joueuse no 1 en Fed Cup cette année (Caroline Garcia, au premier tour, en Suisse), deux absences de poids ayant contribué à l’élimination à chaque fois, le capitaine des équipes de France masculine et féminine s’était agacé, mi-février, à propos de ces joueurs faisant passer leur carrière individuelle avant la sélection nationale : « En tant que produit de la Fédération, cela me semble normal de renvoyer l’ascenseur, avait-il lancé après la défaite à Genève. Si ce n’est pas compris dans la morale de certains, il faudra peut-être sortir les règlements. »

La Fédération française de tennis (FFT) a entendu le message, et son tout nouveau président, Bernard Giudicelli, élu samedi 18 février, a annoncé jeudi à l’AFP le retour d’une forme de conscription tennistique : « On prépare en ce moment les campagnes de Coupe Davis [quart de finale, du 7 au 9 avril, face à la Grande-Bretagne] et de Fed Cup [barrage pour se maintenir parmi l’élite, les 22 et 23 avril, face à l’Espagne]. Le comité exécutif qui se réunit vendredi à Marseille va lister les joueurs auxquels on va demander de se tenir à la disposition de la Fédération. Aujourd’hui, il est hors de question qu’on rétrograde en Fed Cup, on ne va pas descendre. Aux armes citoyens, la patrie est en danger, tout le monde se mobilise. »

Le règlement de la FFT prévoit déjà des sanctions

Voilà un moment que les cadors du circuit ne disputent plus que de manière épisodique ces compétitions par équipe, bien moins généreuses en dollars et en points au classement que les tournois individuels, pour lesquels ils se préservent. La France, où la Coupe Davis et la Fed Cup sont solidement ancrées dans la tradition, souffre relativement moins que d’autres nations de cette désaffection, qui a fini par fausser, voire galvauder, les résultats de ces épreuves.

Caroline Garcia en finale de la Fed Cup 2016, à l’époque où elle ne boycottait pas l’équipe de France. | PATRICK HERTZOG / AFP

La fidélité globale des meilleurs tricolores au fil des ans ne fait manifestement pas le poids face aux récents accrocs, aux yeux de la FFT, dont les statuts prévoient déjà des sanctions pour les récalcitrants, comme le souligne l’article 90 de ses règlements administratifs : « Si un joueur est sélectionné pour représenter la France et refuse sans justification de se mettre à la disposition de la FFT, il peut être sanctionné. »

La liste des sanctions va du simple « avertissement » à la « radiation » de la FFT, en passant par la « suspension de compétitions individuelles et/ou par équipes pour une durée maximum de cinq années ». Il serait évidemment dommage d’en arriver à de telles extrémités, et le capitaine Noah, récemment rappelé au chevet des Bleu(e) s alors que la France attend une Coupe Davis depuis 2001 et une Fed Cup depuis 2003, convenait il y a quinze jours que contraindre un joueur n’était pas forcément judicieux : « Le mieux c’est quoi ? Jouer avec ceux qui ont envie ou avoir un ou deux joueurs meilleurs qui te pourrissent l’état d’esprit ? » Vaste débat.