Louis Picamoles (debout au centre) et ses camarades du XV de France, le 21 février à Nice. | VALÉRY HACHE / AFP

« Nous verrons si Doris s’est essoufflée et nous laisse une chance de jouer. Sinon, nous nous adapterons aux conditions. » En Irlande, le sélectionneur national, Joe Schmidt, garde un œil sur les bulletins météo, et l’autre sur la composition du XV de France, que ses hommes défieront samedi 25 février à Dublin (17 h 50). Depuis plusieurs heures, l’archipel britannique subit des rafales de vent atteignant 150 km/h et de fortes pluies, provoquées par la tempête Doris, et rien ne dit que celle-ci ne viendra pas proposer des conditions particulières pour ce match décisif, le troisième du Tournoi des six nations.

Un match qui est même pour le président de la Fédération française de rugby (FFR), Bernard Laporte, « le plus important de l’année ». « Il n’y a que le Tournoi qui est une vraie compétition, avec un classement, au contraire des test-matchs lors des tournées », a argué l’édile devant la presse. « Si on venait à perdre, et je ne l’imagine pas une seconde, à Dublin, alors mathématiquement on ne pourrait plus gagner le Tournoi. Donc c’est le match le plus important. » Voilà pour le petit coup de pression en passant de la part d’un président qui avait expliqué, au Monde avant le début du Tournoi, que « ni le staff ni les joueurs n’ont besoin de Bernard Laporte pour comprendre qu’il y a un impératif de victoire ».

Avant de s’envoler pour l’Irlande, jeudi après midi, Guy Novès a tranquillement répondu à son ancien collègue sélectionneur. « Je vais respecter ce que pense Bernard. [Ce match], c’est le plus important dans ce Tournoi parce que c’est celui que nous jouons samedi. Or, il n’y a pas plus important que le match suivant. Le déplacement en Angleterre était le plus important du moment et nous avons démontré que nous pouvons rivaliser au moins soixante-dix minutes avec les Anglais », a rappelé le Toulousain en conférence de presse.

« Aujourd’hui, avec quelques semaines de plus de travail, ce match est quelque part capital, parce qu’on a besoin de matchs références, et ceux-là se font face aux meilleures nations. L’Irlande, indiscutablement, fait partie de ces meilleures nations. C’est la seule équipe qui a battu les Néo-Zélandais [40-29, en novembre]. C’est une équipe qui s’est peut-être endormie momentanément en Ecosse [défaite 27-22, pour l’ouverture du Tournoi], mais qui a réagi immédiatement en mettant 60 points (10-63) à l’Italie. »

Guy Novès, le 23 février à Nice. | VALERY HACHE / AFP

« Une bonne pression »

Tout le monde est d’accord, cette troisième journée sera décisive dans la lutte pour la victoire finale dans le Tournoi. Sauf surprise monumentale entre l’Angleterre et l’Italie (dimanche 26 février), les Anglais en sauront un peu plus sur l’identité de leurs rivaux après cet Irlande-France, mais aussi le choc Ecosse-pays de Galles (samedi 25 février). « Ouais, mathématiquement il n’y a pas d’autre manière de voir les choses. (…) Il y aura deux équipes qui resteront dans la course au titre, et deux autres qui en seront éliminées », a confirmé Joe Schmidt, qui a notamment rappelé l’expérimenté Johnny Sexton à l’ouverture, peut-être pour gérer au mieux les caprices de Doris.

Les conditions météo et la furia irlandaise seront pour les Bleus l’occasion de tester à nouveau la capacité de cette équipe à jouer juste ; ce qui ne fut pas toujours le cas lors de la défaite inaugurale à Twickenham (16-19), puis de la victoire au forceps contre l’Ecosse (22-16). Outre les entrées de Rabah Slimani en première ligne, Bernard Le Roux en troisième, et de Yoann Huget à l’aile, Guy Novès a fait le choix de se priver de Jean-Marc Doussain sur le banc. Ce qui suggère que Baptiste Serin pourrait dépanner à l’ouverture en cas de besoin.

En attendant, le jeune numéro 9 a été confirmé à la charnière, avec Camille Lopez à l’ouverture, pour la troisième fois d’affilée, une première sous l’ère Novès. Interrogé sur le rôle de ses leaders de jeu, et surtout du capitaine Guilhem Guirado, Novès a insisté sur l’implication de chaque Français présent sur la feuille de match : « Dans l’idéal, j’aimerais qu’il y ait 23 leaders en permanence et qu’on ne compte pas uniquement sur le chef de meute. »

Arrivés hier à Dublin, les joueurs se rendront vendredi à l’Aviva Stadium de Lansdowne Road pour le traditionnel entraînement du capitaine, l’occasion aussi de s’habituer aux températures proches de zéro qui contrastent avec la douceur méditerranéenne qui avait accompagné leur stage de préparation à Nice. Un stage que le sélectionneur a quitté content, et confiant. « On a senti que jour après jour l’équipe commençait à entrer dans le match, à être plus concentrée. Les entraînements ont été de bonne qualité, avec de la bonne pression, pas négative comme contre l’Ecosse », a affirmé le patron du XV du France. « Je ne sais pas si les joueurs joueront libérés, mais j’espère qu’ils joueront avec leurs qualités, qu’ils les exploiteront au mieux. »