Des pommes, des poires et des entrecôtes. Le distributeur automatique, c’est le nouveau circuit court à la mode. ­Depuis le début des années 2000, les AMAP et La Ruche qui dit oui ! (674 points de distribution et 100 000 membres) ont montré le chemin, en organisant la livraison de produits frais par des agriculteurs locaux, sur abonnement annuel ou commande ponctuelle. Un agriculteur sur cinq aurait opté pour ce type de distribution.

Les distributeurs automatiques  Les Boîtes@Meuh, au  Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine), ouverts  depuis octobre 2016. Les Boites @ Meuh | "Les Boites @ Meuh"

L’avantage du distributeur est qu’il permet de trouver fruits et légumes, ou une plus large gamme de produits ­fermiers, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit grâce à des casiers installés et remplis par les agriculteurs en bordure d’exploitation, sur la place du bourg le plus proche, ou encore en milieu urbain – souvent grâce à un intermédiaire, dans ce dernier cas. Depuis 2011, la société alsacienne de Didier Filbing a vendu et mis en route 300 de ces distributeurs dans toute la France.

Avec deux maraîchers, et bientôt un éleveur de porcs, Sandrine Champion, productrice de fromage de chèvre, alimente une Cabane des 4 saisons avec 200 casiers tempérés ou réfrigérés, à Beaulieu-lès-Loches (Indre-et-Loire). « On recharge quand on veut, on n’a pas à s’arrêter pour servir la clientèle. Et on est les premiers surpris par l’emballement ! » 3 500 euros mensuels, déjà, ont ainsi récoltés.

« On ne peut pas se permettre de payer Intermarché pour être en tête de gondole ! » Edith Pigeon, productrice dans l’Essonne

A Chauffour-lès-Etréchy (Essonne), Edith Pigeon écoule 2 000 œufs fermiers de plein air par semaine dans son distributeur. « On ne peut pas se permettre de payer Intermarché pour être en tête de gondole ! » Elle envisage désormais de doubler la ­surface du poulailler, et même de s’octroyer un vrai salaire de 1 500 euros par mois.

En région parisienne, le nouveau concept de magasins automatiques de produits fermiers fait fureur. Comme Au bout du champ, et ses cinq points de vente. Ou encore la boutique Les Boîtes@Meuh, au centre du Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine), ouverte depuis octobre 2016.

Agriculteurs sélectionnés

Après avoir vu de près le fonctionnement de la grande ­distribution, Richard Lebreton, 32 ans, a voulu valoriser les producteurs. Tous les matins, il effectue une tournée d’une centaine de kilomètres auprès des agri­culteurs bio (ou raisonnés) qu’il a sélectionnés et dont il vante les mérites l’après-midi, dans la boutique, auprès de ses clients. Ces derniers commandent sur le site Internet, paient, obtiennent un code qui leur permet de débloquer ensuite leur casier à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, sept jours sur sept. Ou choisissent directement sur place le contenu d’un casier (fruits, paniers de légumes, œufs, fromages, crémerie…), puis insèrent leur carte bancaire dans le distributeur. Trois cents clients et 120 kg de pommes de terre par ­semaine, M. Lebreton savoure les premiers résultats. « J’ai énormément de jeunes couples avec enfants de la génération grandes surfaces qui veulent bien manger. Ici, les produits n’ont pas transité par Rungis comme souvent au marché. C’est local et ultra-frais. »

Autre type de circuit court : le drive fermier. Un agriculteur, un groupement d’agriculteurs, ou un intermédiaire qui ­collecte leur production, installent un point de retrait éphémère – souvent sous une tente. Les clients ont passé commande sur le Net, ils sont informés du lieu et de l’heure de la distribution. Un micromarché de proximité que promeuvent les chambres d’agriculture. On en compte déjà 232 en France.