Guy Novès parle à ses joueurs, le 25 février à Dublin. | FRANCK FIFE / AFP

Attention aux passes après contact, trop risquées par temps de pluie, et faire mieux dans les regroupements, faiblesse criante du XV de France face à l’Ecosse, sont des conditions pour réaliser un exploit en Irlande, samedi (17h50) lors de la 3e journée du Tournoi des six nations.

Sans surprise, le temps devrait être humide à Dublin, ce qui ne déconcertera personne. Attention aux passes après contact, qui deviennent plus risquées quand le ballon se fait plus glissant. « On va essayer de le garder plus qu’autre chose », expliquait l’arrière polyvalent Djibril Camara.

« On sait que la bataille au sol et aérienne seront des éléments clés du match. On s’y est préparé on a travaillé avec nos armes. La réponse sera samedi soir », a d’emblée assuré Yannick Bru, entraineur des avants du XV tricolore. Chers au jeu instinctif des Français, les offloads pourraient être d’autant plus compliqués par les plaquages hauts, les fameux « chocke tackles », spécialité de la maison verte qui vise à « coffrer » la balle. Les trois-quarts français se préparent également à se faire « arroser » de chandelles par des vis-à-vis (Kearney, Earls, Ringrose, Henshaw, Zebo) qui peuvent tous jouer arrières et brillent dans les airs. « On va avoir pas mal de travail aérien à faire », a acquiescé Camara. « On s’y attend, on l’a travaillé pas mal. »

Le ruck, leur beau souci

Face aux Écossais (22-16), les Bleus ont failli dans le jeu au sol et doivent absolument corriger le tir, notamment dans les regroupements. « Évidemment, c’est un des sujets préoccupants », analyse Guy Novès. « Il faut trouver un équilibre entre cette volonté de jouer debout, de se passer le ballon en prenant des risques, qui fait que les soutiens du porteur du ballon sont moins focalisés sur leur rôle dans leur ruck », estime le sélectionneur, déplorant « ces quelques centimètres de retard qui font la différence ». « Les Irlandais veulent nous punir dans ce secteur-là où ils sont très forts », prévient le Toulousain avec cet avertissement: « Moi, ça me ferait peur de me faire punir deux fois. »

Pour rendre une meilleure copie dans les regroupements, les Bleus peuvent compter sur deux revenants: Bernard le Roux et Eddy Ben Arous. Le troisième ligne d’origine sud-africaine, de retour de blessure, devrait peser dans le combat au sol, dont il est un spécialiste.

Mais aussi Ben Arous, qui débutera sur un banc dont Novès attend énormément. Selon le sélectionneur, le pilier gauche n’est « peut-être pas le meilleur pilier de France, mais un des meilleurs pour gratter le ballon dans les zones de rucks. » La chance français ne sera toutefois pas seulement au grattage: « Gratter des ballons aux Irlandais sera très dur, j’aimerais surtout ne pas en perdre sur nos enchaînements, car les Irlandais sont très forts pour ralentir les ballons. »

Sexton, ça change tout ?

Jonathan Sexton, le patron du jeu du XV du Trèfle, effectue lui aussi son retour de blessure. Les Bleus doivent-ils plus se concentrer sur l’ouvreur ? « Cela change beaucoup de choses, l’équipe est vraiment différente avec lui », estime Bernard le Roux. « Ils jouent beaucoup plus à plat, proches de la ligne de défense (d’avantage) », détaille le joueur du Racing 92. « Mais a contrario, je pense que ça offre un peu plus d’espaces en défense », souligne l’avant. « Il y a plus d’opportunités dans la zone du 10. Donc il y a du positif et du négatif. »

Maxime Machenaud n’est pas de l’avis de son coéquipier des Hauts-de-Seine. « Leur jeu ne change pas quel que soit le numéro 10. Il a peut être des qualités différentes de Paddy Jackson, mais leurs combinaisons sont les mêmes », estime le numéro 9, qui a évolué avec le joueur du Leinster sous le maillot ciel et blanc entre 2013 et 2015. « Même si je sais, pour l’avoir côtoyé, l’importance qu’il peut avoir dans un groupe. »

Depuis 2007, les deux équipes offrent un bilan équilibré lors des rencontres du Tournoi disputées en Irlande, avec deux victoires, deux défaites chacune, pour un match nul. Mais après la victoire arrachée par les Bleus l’an dernier (10-9) au Stade de France, le staff tricolore s’attend à un défi de taille. « On sait que ce sera très dur. On est passé près de plusieurs gros poissons ces derniers temps (l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Angleterre), on a vraiment souvent enragé de ne pas les avoir attrapés, donc pour la construction de notre projet on sait qu’il va falloir pêcher du gros », a expliqué Yannick Bru. « Ce match est très important, d’une part pour le Six nations, d’autre part pour notre aventure. »