Le ministre de la justice, Jean-Jacques Urvoas, le 24 février. | FRED TANNEAU / AFP

« Rien ne justifierait » une suspension des investigations visant des candidats à la présidentielle durant la campagne électorale, estime le ministre de la justice, Jean-Jacques Urvoas, dans un entretien au Journal du dimanche, daté du 26 février. « Si dans le passé, pour l’audiencement d’une affaire, c’est-à-dire la fixation de la date du procès, il y a pu avoir des pauses électorales cela n’a jamais concerné la conduite des enquêtes », souligne-t-il.

« Il n’existe d’ailleurs aucun texte prévoyant une telle suspension. Quelle en serait d’ailleurs la raison ? Au nom de quelle exception ? A mes yeux, rien ne le justifierait. »

Mme Le Pen « tourne le dos au droit »

La candidate du Front national à l’Elysée, Marine Le Pen, a refusé cette semaine de se rendre à une convocation de la police dans l’enquête sur des soupçons d’emplois fictifs d’assistants frontistes au Parlement européen, estimant que la période électorale ne permet « ni la neutralité ni la sérénité nécessaires au fonctionnement correct de la justice ».

« Elle tourne le dos au droit. Il n’y a pas une justice pour les anonymes et une justice pour les gens célèbres ! », proteste le garde des Sceaux, faisant mine de s’interroger : « Imaginons que pendant la campagne présidentielle, on ne puisse pas enquêter. Mais après la présidentielle, il y a les législatives. Et après, en septembre, les sénatoriales ! A quel moment la justice pourrait-elle alors fonctionner normalement ? »

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Pas de complot politique

Rien n’empêche donc les juges d’instruction chargés d’enquêter sur les soupçons d’emplois fictifs au sein de la famille de François Fillon de mettre en examen le candidat de la droite, lui demande Le Journal du dimanche ? « Ou de ne pas le mettre en examen », répond M. Urvoas.

« Le travail d’un juge d’instruction est de procéder à toutes les investigations nécessaires. S’il doit le faire qu’il le fasse. »

Le ministre réfute à nouveau les accusations d’intervention ou de complot politique visant M. Fillon ou Mme Le Pen, adversaires de la gauche au pouvoir. « Imaginer aujourd’hui que des instructions aient pu être ordonnées (…) est tout simplement absurde parce qu’illégal », assure-t-il, accusant en retour la droite de n’avoir pas permis de renforcer l’indépendance du parquet.

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