Tom Perez, le 21 janvier 2016. | NICHOLAS KAMM / AFP

L’ancien secrétaire au travail, Tom Perez, 55 ans, est devenu samedi 25 février le premier hispanique à prendre la direction du Parti démocrate. Il l’a emporté au terme d’un scrutin serré sur le représentant du Minnesota, Keith Ellison – qui aurait été en cas d’élection le premier musulman à diriger la formation. Soucieux d’unité, au lendemain de défaites cinglantes à la présidentielle et au Sénat, M. Perez a aussitôt proposé à son rival de devenir son adjoint, ce qu’il a accepté.

M. Ellison avait été l’un des premiers à se lancer dans la course à un poste dédié pour l’essentiel à l’organisation du parti, alors que les responsables des minorités démocrates au Sénat et à la Chambre des représentants se chargent généralement de fixer la ligne politique. Soutenu par l’ancien candidat à l’investiture Bernie Sanders, sénateur indépendant du Vermont, et par une autre grande figure de l’aile gauche démocrate, Elizabeth Warren, sénatrice du Massachusetts, ainsi que par le maire de New York, Bill de Blasio, il n’a cependant pas réussi à attirer à lui la majorité de la formation.

Cette dernière a jugé plus sûre de s’en remettre à M. Perez, qui était soutenu pour sa part par les anciens président et vice-président, Barack Obama et Joe Biden. M. Obama est d’ailleurs immédiatement sorti de la réserve à laquelle il s’astreint pour se dire persuadé que son ancien secrétaire sera capable de « jeter les bases d’une nouvelle génération de responsables démocrates pour cette Amérique grande, audacieuse, inclusive, dynamique que nous aimons tant ».

Viser « aussi bien la Californie que le Missouri »

Fils d’émigrés de la République dominicaine, Tom Perez est un avocat de formation qui a occupé des fonctions au sein de l’exécutif de l’Etat du Maryland, un bastion démocrate, puis au ministère de la justice après l’élection de Barack Obama. Il avait été nommé au département du travail en 2013. Il va devoir contribuer à résoudre l’équation sur laquelle la candidate démocrate à la présidentielle, Hillary Clinton, a buté en novembre : séduire des minorités dont le poids démographique ne cesse de grandir sans se couper de ce qui reste des cols-bleus. Pendant la campagne interne, il avait assuré que le Parti démocrate doit viser « aussi bien la Californie », où il est triomphant, que « le Missouri » où ses espoirs de conquête pour le Sénat avaient été cruellement déçus.

Le nouveau responsable va devoir également composer avec une base démocrate décidée à en découdre avec le président Donald Trump. Après avoir manifesté massivement au lendemain de la prestation de serment de ce dernier et lors de la controverse sur le décret anti-immigration, celle-ci mène actuellement l’assaut à l’échelle locale contre les élus républicains. Très affaibli électoralement, le Parti démocrate hésite cependant à se lancer dans une guérilla à outrance dont il n’est pas sûr de sortir gagnant.