La présidente du FN était, lundi 27 février, au Mont Saint-Michel, dans la Manche. | CHARLY TRIBALLEAU / AFP

A chaque jour suffit sa peine. Dimanche 26 février, lors d’un meeting à Nantes, Marine Le Pen mettait en garde magistrats et fonctionnaires contre la tentation du « gouvernement des juges » ou contre celle de participer à des « cabales d’Etat »référence aux affaires judiciaires qui menacent sa campagne avec insistance.

La candidate du Front national à l’élection présidentielle tonnait aussi contre les médias, qui, selon elle, « font campagne de manière hystérique » pour Emmanuel Macron. Lundi 27 février, au Mont-Saint-Michel, dans la Manche, la présidente du FN a délivré un message qui se voulait extrait des « bassesses politiciennes », et qui a pris de forts accents identitaires.

La députée européenne, postée derrière un pupitre sur le parking situé devant l’entrée du monument, a tenté d’adopter le registre de la solennité : « Parce qu’ici bat le cœur de la France, c’est ici que j’ai choisi de lancer un appel à l’unité des Français », a-t-elle déclaré devant ce monument qu’elle qualifie de « haut lieu où l’âme respire amplement » et de « merveille de l’Occident ».

Multipliant les allusions au christianisme, mais sans jamais citer nommément cette religion, la candidate frontiste a une nouvelle fois dénoncé deux « totalitarismes », « islamiste » et « mondialiste financier », qui représentent, selon elle, une « barbarie aux deux visages ».

« Nous allons apprendre à nos enfants à aimer la France », a-t-elle martelé, louant ce « patrimoine ciselé par deux mille ans d’histoire ». « Il nous faut redevenir une nation de sentiments. Si nous ne sommes une nation que par la raison, il n’y aura que des Français administratifs », a-t-elle encore ajouté.

« Symbole d’une France qui puise dans ses racines chrétiennes force et grandeur »

La référence aux « racines chrétiennes » de la France, qui figurait dans le programme frontiste en 2012, a été expurgée cette année, remplacée par une plus vague volonté de défendre le « patrimoine historique et culturel ».

Dans un tweet, le secrétaire général du FN, Nicolas Bay, qui accompagnait Mme Le Pen, s’est, lui, montré plus transparent : « Le Mont-Saint-Michel, symbole éternel d’une France qui puise dans ses racines chrétiennes force et grandeur. »

La présidente du FN, qui était accompagnée d’une vingtaine de militants et d’élus frontistes – certains brandissaient des drapeaux « Marine présidente » – n’a pas résisté à la tentation de commenter les soubresauts de la campagne. « Certains cherchent à faire en sorte que la campagne ne se passe pas sereinement, a-t-elle estimé. Vont-ils y arriver ? Je ne crois pas. Les Français ne sont pas dupes des petites manœuvres qui émaillent la campagne. »

Dans un communiqué, publié dimanche soir, le candidat Les Républicains François Fillon avait, quant à lui, estimé que le gouvernement socialiste laissait s’installer un « climat de quasi-guerre civile » : une référence, notamment, au fait que des cars transportant des militants frontistes ont été attaqués, dimanche, par des manifestants aux abords de Nantes.

Juste avant de commencer l’ascension des remparts du Mont-Saint-Michel, qu’elle avait déjà arpentés pendant la campagne de 2012, la candidate du FN a lancé : « J’espère que nos amis journalistes nous suivront. » Il aurait été dommage que cette visite ne soit pas immortalisée.