« Mossoul tombera, la question c’est en combien de temps et avec combien de pertes »
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Les forces irakiennes ont annoncé avoir pris le contrôle d’un premier pont à Mossoul, lundi 27 février. L’offensive, lancée il y a neuf jours, vise à reprendre la totalité de la deuxième ville du pays à l’organisation Etat islamique (EI).

  • L’armée prend le contrôle d’un pont

Les troupes irakiennes ont pris un pont sur le Tigre, qui partage la ville entre quartiers est et ouest. Elles ont atteint « l’accès ouest du pont », qui est désormais « sous [leur] contrôle sur les deux berges », a annoncé le général Yahya Rasool, porte-parole du commandement des forces irakiennes.

Ce pont, endommagé par des bombardements, est impraticable, mais sa reprise va permettre d’établir un pont flottant à proximité. L’objectif des unités du génie des forces irakiennes est désormais d’établir rapidement ce pont temporaire qui permettra de « faire traverser du matériel et des munitions » d’une rive à l’autre, selon le colonel Falah Al-Wabdan, des forces de réaction rapide du ministère de l’intérieur.

L’armée disposera ainsi d’une option supplémentaire pour attaquer les derniers quartiers encore contrôlés par des djihadistes dans l’ouest de Mossoul. Il y a un an, la mise en service d’un pont de fortune avait été considérée comme une étape déterminante dans la reprise de la ville de Ramadi aux djihadistes, dans l’ouest de l’Irak.

  • Une avancée rapide des troupes

Une voiture piégée explose près des blindés des forces spéciales irakiennes, à Mossoul, en Irak, le 16 novembre 2016. | © Handout . / Reuters / REUTERS

Aucun bilan n’a été avancé concernant le nombre de morts et de blessés, d’un côté comme de l’autre. Les troupes irakiennes s’attendent à ce que la résistance des djihadistes se renforce à l’approche des quartiers densément peuplés du centre de Mossoul, et notamment de la vieille ville.

L’armée avance aussi dans les zones désertiques au sud-ouest de la ville pour couper complètement Mossoul des territoires tenus par l’EI dans l’est de la Syrie. « Globalement, toutes les forces progressent comme prévu et le font rapidement », a déclaré le général Abdelamir Yarallah.

Il resterait quelque deux mille djihadistes dans l’ouest de Mossoul, selon des estimations américaines. Ces combattants peuvent infliger de lourdes pertes en recourant à leurs actions de guérilla habituelles, explosions d’engins piégés et attentats-suicides.

  • Un accès à la nourriture difficile

L’inquiétude des ONG et de l’ONU s’accroît pour les quelque 750 000 civils piégés dans l’ouest de la ville. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a recueilli des témoignages de personnes ayant récemment fui ces quartiers : « Des familles nous ont signalé que les prix de la nourriture y avaient fortement augmenté » jusqu’à devenir « inabordables », a dit Sally Haydock, responsable du PAM pour l’Irak. « Dans les situations les plus extrêmes, certaines personnes n’ont pas d’accès à la nourriture. »

  • Perte de terrain de l’EI

Le groupe Etat islamique a occupé un temps un tiers de l’Irak, mais il ne cesse de perdre du terrain depuis deux ans face aux multiples offensives soutenues par l’aviation et les conseillers au sol de la coalition internationale dirigée par Washington.

Une perte totale de Mossoul représenterait un terrible revers pour l’organisation djihadiste. L’EI ne contrôlerait plus en Irak qu’une région autour de Hawija, à 180 km au sud-est de Mossoul, la cité de Tal Afar et d’autres localités de l’Ouest.