Le président américain Donald Trump, lors d’une conférence des gouverneurs à la Maison Blanche, le 27 février 2017. | © Kevin Lamarque / Reuters / REUTERS

Le président américain Donald trump a proposé, lundi 27 février lors d’une rencontre avec des gouverneurs, une « hausse historique » du budget militaire en 2018 : 54 milliards de dollars supplémentaires, pour répondre aux menaces d’un monde « dangereux », a-t-il expliqué.

  • Une hausse de 9 % des dépenses militaires

La Maison Blanche annonce un budget de 603 milliards de dollars pour le Pentagone, en tenant compte de la hausse annoncée.

Cela représenterait une hausse de plus de 9 % des dépenses, par rapport à 2017.

Il n’est pas nécessaire de remonter très loin dans le temps pour noter une augmentation de cette envergure : le budget militaire avait bondi de 10,8 % entre 2007 et 2008, sous la présidence de George W. Bush.

Un certain flou entoure les chiffres communiqués par la présidence. En effet, les dépenses militaires américaines s’élèveront à 585 milliards de dollars en 2017, selon les données du Département de la défense. En ajoutant les 54 milliards proposés par Donald Trump, celles-ci atteindraient donc au moins 639 milliards de dollars en 2018. C’est un montant quasi équivalent au budget militaire de 2012, au terme du premier mandat de Barack Obama, qui s’élevait à 645 milliards de dollars.

Evolution des dépenses militaires américaines entre 2001 et 2020

Cependant, la proposition de l’actuel président ne comprend pas le budget dédié aux opérations extérieures – c’est-à-dire essentiellement les guerres. Celles-ci comptaient pour un peu plus de 11 % des dépenses militaires en 2016.

  • Le premier budget militaire au monde

Les Etats-Unis restent, de loin, la première puissance militaire au monde. L’Etat fédéral consacre environ la moitié de son budget de fonctionnement à la défense. Ses dépenses sont quasiment trois fois plus importantes que celles de la Chine, qui détient la deuxième place, selon les chiffres de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.

Ces données révèlent un effet de rattrapage de la part des Chinois et des Russes ces dernières années. Le budget militaire de la Chine a explosé entre 2000 et 2015 : + 396 %, à dollar constant (sans les effets de l’inflation). Celui de la Russie, au quatrième rang mondial, a bondi de 215 %. Sur la même période, les dépenses américaines se sont accrues de 43,6 % « seulement ».

La « hausse historique » annoncée par Donald Trump ne satisfait d’ailleurs pas tous les Républicains. Dans un communiqué, le sénateur John McCain, président de la commission des services armés et partisan d’une politique étrangère interventionniste, juge l’effort insuffisant.

  • Les guerres, des pics historiques

Les Etats-Unis ont consacré 43 % de leur PIB aux dépenses militaires en 1944, situation exceptionnelle jamais égalée. Après la seconde guerre mondiale, les guerres de Corée et du Vietnam ont mobilisé respectivement 12 % et 9 % du PIB au début des années 1950 et en 1970, selon le Département de la défense. Elles pouvaient atteindre 6 % sous l’ère Reagan, au plus fort de la guerre froide et de la course aux armements avec l’Union soviétique dans les années 1980.

Evolution de la part des dépenses militaires dans le PIB américain

Si le Congrès valide la proposition de Donald Trump, ces dépenses représenteraient près de 4 % du PIB (hors opérations extérieures), un niveau proche de celui observé après les attentats du 11 septembre 2001. La guerre contre le terrorisme décrétée par le président George W. Bush avait conduit à une forte augmentation du budget de la défense. Celui-ci a été boosté par la guerre en Irak, lancée en 2003, et par un effort supplémentaire en 2011 en Afghanistan, avant de décliner. Le retrait des troupes de ces deux pays avait ensuite permis à Barack Obama de réduire les dépenses militaires.

  • Coupes dans les dépenses non militaires et renforcement des troupes

Selon le directeur du Budget de l’administration Trump, Mick Mulvaney, la hausse proposée des dépenses pour la défense sera compensée par « la réduction la plus importante [des dépenses non-militaires] depuis les premières années de l’administration Reagan ».

Le budget des autres départements sera réduit de 10 %, rapporte l’agence Bloomberg. Ces coupes n’affecteront pas cependant les prestations, dont la Sécurité sociale et Medicare, a promis le président Trump.

Dans un discours de campagne, en septembre 2016, il expliquait vouloir étoffer les troupes de l’armée de terre et passer de 480 000 soldats actuellement à 540 000. Il souhaitait aussi étendre à 36 bataillons le Corps des Marines, contre 23 aujourd’hui, soit 10 000 Marines supplémentaires, renforcer la Navy (la Marine) avec 74 bateaux et sous-marins de plus, et acquérir 100 nouveaux avions pour l’Air Force (la force aérienne).

Les principales entreprises en contrat avec le Pentagone ont vu leurs actions croître de 1 % à 2 % après l’annonce, lundi.