Le « streameur » TrU3Ta1ent diffusant sa partie de « For Honor » sur Twitch. | Twitch

La plate-forme de streaming Twitch, qui permet de diffuser des parties de jeu vidéo en direct, a annoncé lundi 27 février qu’elle permettrait bientôt d’en vendre. Si la fonctionnalité sera disponible dès le printemps aux Etats-Unis, le reste du monde devra patienter quelques mois supplémentaires.

Twitch se défend toutefois de vouloir devenir « une boutique comme les autres », à l’image de Steam, leader incontesté du secteur. Ou tout au moins, pas dans un premier temps, comme l’a précisé auprès du site gamesindustry.biz, Robin Fontaine, l’une des responsables du service.

Des « streameurs » triés sur le volet pourront ainsi proposer, sous leurs vidéos, un bouton permettant d’acheter le titre qui apparaît à l’image.

L’idée tombe sous le sens. En réduisant le nombre d’étapes entre la découverte du jeu et l’acte d’achat, Twich encourage l’achat spontané, impulsif, qui bénéficie autant à l’éditeur du titre qu’à la plate-forme de streaming, qui prélève 25 % du prix de vente dans l’opération.

Mais le streameur y gagne également : un jeu vendu par sa chaîne lui rapportera une commission de 5 % – soit entre 2 euros et 3 euros dans le cas d’un « gros » jeu.

Mais certains y voient déjà un effet pervers. Les streameurs, qui étaient déjà des relais de communication convoités par les éditeurs, ne vont-ils pas avoir la tentation d’en devenir les zélotes, ayant tout intérêt à vanter les mérites de leurs jeux dans l’espoir d’en faire vendre quelques-uns ?

Un monopole à égratigner

Robin Fontaine a également confirmé qu’à terme Twitch envisageait de permettre aux joueurs de réserver des jeux avant même qu’ils ne soient disponibles. Ainsi, les joueurs enthousiastes pourraient « craquer » dès la diffusion d’une bande-annonce, dévoilée par exemple lors d’un Salon du jeu vidéo, et retransmise en direct sur Twich.

Si les précommandes sont loin d’être une nouveauté, et si l’achat par Twitch ne sera pas possible avant des mois, il soulève déjà un certain nombre de questions : selon quels critères seront choisis les streameurs qui auront le droit de vendre des jeux ? Tous les titres seront-ils disponibles à l’achat, ou uniquement les plus populaires ? Et, surtout, Twitch arrivera-t-il à égratigner le quasi-monopole de Steam ?

Des éditeurs tels que Blizzard, Electronic Arts, Ubisoft ou Microsoft possèdent déjà leur propre boutique en ligne. Mais pour les développeurs de jeu vidéo sur ordinateur, Steam est un revendeur incontournable, qui domine totalement le marché. Plus confidentielles, les rares alternatives, telles que GOG.com ou itch.io, ont d’ailleurs fait leur spécialité des jeux indépendants ou anciens. Mais avec sa communauté de plus de 100 millions d’utilisateurs mensuels, et le soutien de son propriétaire Amazon, Twitch possède des atouts non négligeables.