Ce sont des chiffres que patronat et syndicats devront avoir en tête lors des différentes séances de négociations sur la réforme de l’assurance chômage prévues tout au long du mois de mars. Mardi 28 février, l’Unedic, l’organisme gestionnaire de l’institution, a publié une révision de ses prévisions sur la situation de l’assurance chômage pour les années 2017 et 2018. Comme ses responsables le répètent souvent, l’Unedic ne fait pas lui-même d’études macroéconomiques. « Nous laissons cela aux spécialistes », avait expliqué, en septembre 2016, lors de la publication des statistiques annuelles, son président, Alexandre Saubot, par ailleurs chargé du pôle social au Medef. Pour calculer ses prévisions, il se fonde donc sur le consensus des économistes, celui du mois de février dans le cas présent.

Si les tendances présentées mardi par l’Unedic sont en ligne avec celles rendues publiques en septembre 2016, les chiffres, eux, différent un peu, révisions des économistes obligent. Ainsi l’institution gestionnaire de l’assurance chômage anticipe toujours une remontée du taux de chômage en 2017. Cependant, au lieu des 9,5 % initialement prévus, le taux pourrait plutôt remonter à 9,8 %. Si la différence est si importante, c’est que l’organisme, qui s’appuie sur les études des chercheurs, s’attendait à ce que l’année 2016 se termine plutôt sur un taux de chômage de 9,4 %. Or il n’en a rien été. Le chiffre définitif de 2016 a beau ne pas être encore connu, les statistiques publiées mi-février par l’Insee montrent qu’il devrait plutôt se situer autour de 9,7 % (c’était le taux de chômage pour le dernier trimestre 2016).

Le « Brexit » en cause

« En 2017, l’emploi total serait soutenu par des créations de postes dans les secteurs marchands, tandis que les effectifs d’emplois non marchands diminueraient en lien avec le ralentissement du nombre d’entrées en contrats aidés. L’emploi total progresserait alors légèrement moins vite que la population active et le taux de chômage s’établirait à 9,8 % fin 2017. En 2018, sous l’hypothèse d’un maintien du nombre d’entrées en contrats aidés au même niveau qu’en 2017, le chômage au sens du BIT évoluerait peu (taux de 9,8 % fin 2018) », écrit l’Unedic dans son rapport.

L’organisme anticipe, en outre, que le nombre de demandeurs d’emploi n’ayant exercé aucune activité et ayant une obligation de rechercher un poste (catégorie A) devrait augmenter de 47 000 personnes en 2017, et de 38 000 en 2018. Et ce, après une baisse de 107 000 en 2016.

Pour l’Unedic, cette dégradation de la situation de l’emploi serait due principalement au « Brexit ». C’est la sortie, votée en juin, du Royaume-Uni de l’Union européenne qui pourrait avoir un impact négatif sur la croissance. Et donc par ricochet sur le taux de chômage. D’un point de vue macroéconomique, l’année 2016 avait d’ailleurs déjà été moins bonne que prévu : la croissance s’est finalement établie à 1,1 %, d’après les chiffres cités par l’Unedic, contre 1,3 % prévus par la loi de finance rectificative.

Réduction du déficit

Côté déficit, il y a, en revanche, un léger mieux. L’Unedic, qui anticipait 3,8 milliards de déficits pour 2017, réduit ce chiffre à 3,64 milliards d’euros. Il remonterait en revanche comme prévu en 2018 pour atteindre 3,9 milliards d’euros. La dette cumulée, elle, culminerait à 39,7 milliards d’euros.

D’où l’urgence pour les partenaires sociaux de réformer le régime. Patronat et syndicats président en effet aux destinées de l’assurance chômage et décident conjointement des critères et des taux d’indemnisation. Pour ce faire, ils signent une convention tous les deux ans, la dernière datant de 2014. Las, réunis en juin 2016 pour en négocier une nouvelle, ils avaient échoué sur l’épineuse question de la taxation des contrats courts que les syndicats voulaient voir instaurer. Contre toute attente, ils ont décidé de se remettre autour de la table pour une série de négociations qui devraient débuter le 7 mars.

Mardi, le Medef a d’ailleurs transmis aux syndicats ce qu’il voudrait voir modifier dans la prochaine convention. Au menu, des mesures incitatives pour réduire le nombre de contrats courts de moins d’un mois et une baisse de la part de la charge de fonctionnement de Pôle emploi portée par l’Unedic. Les partenaires sociaux se sont fixés jusqu’au 28 mars pour s’entendre… ou pas.