Le Centre industriel de stockage géologique (Cigéo) de Bure, dans la Meuse, en janvier 2016. | JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

C’est un sérieux revers pour l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), maître d’ouvrage du projet de Centre industriel de stockage géologique (Cigéo) de Bure, dans la Meuse. Mardi 28 février, le tribunal administratif de Nancy a annulé la délibération de la commune meusienne de Mandres-en-Barrois qui avait permis à l’agence de devenir propriétaire d’une forêt de 220 hectares, le bois Lejuc, sous lequel doit être construit le centre d’enfouissement des résidus nucléaires. Dans l’immédiat, le projet est donc gelé.

Celui-ci consisterait à enterrer dans une couche d’argile, à 500 mètres sous terre, les 85 000 m3 de déchets à haute activité et à vie longue (des dizaines ou des centaines de milliers d’années) produits par le parc nucléaire français actuel.

L’affaire remonte au 2 juillet 2015. Ce jour-là, à 6 heures du matin, le conseil municipal du village de Mandres-en-Barrois (127 habitants) avait autorisé le maire, par un vote à bulletin secret, à conclure avec l’Andra une convention consistant à échanger le bois Lejuc contre une autre forêt. Plusieurs habitants de la commune ont attaqué cette décision, d’autant qu’en janvier 2013, lors d’un référendum local, les habitants de Mandres-en-Barrois avaient rejeté, par 50 voix contre 35, l’échange du bois Lejuc contre d’autres parcelles forestières.

Dans sa décision, le tribunal a retenu que l’article L. 2121-21 du code général des collectivités territoriales autorise le vote à bulletin secret, « à la condition que le tiers au moins des conseillers présents le demandent ». Or, poursuivent les juges, la commune n’a pas apporté la preuve que cette demande avait été faite.

Vice de procédure régularisable

En vertu de quoi, le tribunal « annule la délibération du 2 juillet 2015 ». Pour autant, il précise que « le vice de procédure qu’il censure est régularisable ». En clair, la commune de Mandres-en-Barrois devra, « dans un délai de quatre mois », adopter une nouvelle délibération approuvant l’échange de forêt. Faute de quoi il faudrait « résilier la convention conclue avec l’Andra ».

Le 22 janvier, l’Andra avait déjà connu un déboire, devant le tribunal administratif de Bar-le-Duc. Alors qu’elle demandait la reconnaissance du caractère illégal de l’occupation du bois Lejuc par des opposants au projet Cigéo, le tribunal a décidé de surseoir à statuer, l’audience étant renvoyée au 5 avril.

Ces difficultés judiciaires s’ajoutent à la contestation à laquelle l’Andra doit faire face sur le terrain. Elles risquent de compromettre le calendrier jusqu’ici prévu pour la construction du site de stockage, dont la demande d’autorisation de création doit être déposée en 2018, pour une mise en service en 2025.

Le dossier est revenu ces derniers jours dans le débat politique. Le projet de plate-forme présidentielle négocié entre Benoît Hamon (PS) et Yannick Jadot (Europe Ecologie-Les Verts) prévoit « la fin du projet d’enfouissement profond de Bure ».