Le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, François Asselin, le 5 janvier à Puteaux (Hauts-de-Seine). | ERIC PIERMONT / AFP

François Asselin est entré en campagne. Le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME, ex-CGPME) devait dévoiler, mercredi 1er mars, un Livre blanc rassemblant 89 propositions que son organisation souhaite voir mises en œuvre pour les TPE-PME durant le prochain quinquennat.

« Nous vivons un paradoxe : les TPE-PME représentent 98 % du nombre des entreprises françaises et la moitié de l’emploi salarié du pays, tout le monde nous veut du bien… mais nous ne voyons pas d’amélioration dans les obligations qui pèsent sur les entreprises patrimoniales », souligne M. Asselin. Et d’énumérer les contraintes qui, selon lui, sont récemment venues compliquer encore le quotidien des petits patrons : compte pénibilité, préparation du prélèvement à la source à la charge des entreprises dès l’année prochaine, droit à la déconnexion…

Un « correspondant PME » dans chaque ministère

Pour améliorer le sort de ses adhérents, la CPME propose notamment un « contrat de collaboration », intermédiaire entre salariat et travail indépendant, qui assurerait à l’employé une protection sociale tout en exonérant l’entreprise des obligations classiques du droit du travail (formation, sécurité, licenciement).

M. Asselin reconnaît à François Hollande d’avoir « pris un vrai tournant avec la politique de l’offre [crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), pacte de responsabilité], alors que ce n’est pas dans l’ADN d’un gouvernement de gauche ». Et prône une baisse de charge cumulant les allégements Fillon, le CICE jusqu’à 3,5 smic (contre 2,5 fois aujourd’hui) et le pacte de responsabilité. Cela aurait un « coût supplémentaire de 10 milliards d’euros, mais avec l’avantage de la visibilité pour les entreprises », estime-t-il.

La CPME réclame également des mesures « qui ne coûtent rien », assure son président, comme la mise en place d’un « correspondant PME » dans chaque ministère, et d’un « test PME » qui permettrait au bout de cinq ans de vérifier le bien-fondé et l’efficacité d’une mesure auprès des Petit Poucet de l’économie. Ou encore la possibilité de rompre le contrat d’un jeune en bac professionnel au bout de deux ans, le classique relèvement des seuils sociaux, et le plafonnement de la fiscalité locale. Le tout au nom de liberté d’entreprendre, et « afin de ne pas sanctionner la prise de risque ».

Les candidats à la présidentielle invités à s’exprimer

« Jusqu’à présent, les programmes des candidats sont restés très macroéconomiques. Nous aimerions par exemple avoir des précisions de la part d’Emmanuel Macron, pour savoir où il mettra le curseur entre accords de branche et accords d’entreprise. Ou encore de François Fillon, qui souhaitait ouvrir les élections des représentants du personnel au-delà des centrales syndicales dès le premier tour », indique M. Asselin.

Une telle liste de doléances ne risque-t-elle pas d’alimenter le mécontentement de petits patrons régulièrement tentés par le vote frontiste ? « Pour nous, Marine Le Pen est une candidate comme les autres, et nous ne manquerons pas de lui poser nos questions, par exemple sur la faisabilité d’une retraite à 60 ans », prévient le président de la confédération. L’organisation doit en effet recevoir, lundi 6 mars, trois des quatre principaux candidats à l’Elysée : François Fillon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Benoît Hamon, lui, n’a pas encore répondu.