En vidéo : François Fillon déclare qu’il ne se retirera pas
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« Tolérance zéro », « une campagne médiocre », « un péril pour les institutions de la République… » La décision de François Fillon de maintenir sa candidature malgré l’annonce de sa convocation par des juges d’instruction, le 15 mars, a suscité un flot de réactions parmi les responsables politiques.

Ainsi, François Hollande s’élève solennellement contre « toute mise en cause des magistrats ». « Une candidature à l’élection présidentielle n’autorise pas à jeter la suspicion sur le travail des policiers et des juges », a déclaré, mercredi 1er mars, le président de la République dans un communiqué.

« Je ne suis pas favorable à une trêve parce que je suis pour la tolérance zéro, mais pour tout le monde », a déclaré Emmanuel Macron, un peu plus tôt, en marge d’une visite au Salon de l’agriculture. « On ne peut pas être favorable à la tolérance zéro simplement quand elle concerne les autres. » « Pour ce qui est du domaine public et de la vie politique, les Français seront juges », a déclaré le candidat d’En marche !. « Mais ne donnons pas au vote démocratique le rôle de l’absolution, a-t-il ajouté. Ça fait plusieurs fois cette semaine que M. Fillon choisit d’utiliser des grands mots (…). Il y a des assassinats, ça ne correspond pas à cela. Il y a des états de guerre civile. Ça ne correspond pas à ce que nous vivons dans le pays », a argué M. Macron.

« Ça me fait presque de la peine pour mes compatriotes qui auraient le droit d’avoir un candidat qui puisse être présentable, si j’ose dire », a déclaré, de son côté, Jean-Luc Mélenchon, candidat de La France insoumise, alors qu’il visitait mercredi un chantier de construction navale, à Concarneau (Finistère). « C’est l’élection la plus importante de notre pays et nous voici tous suspendus au sort de quelqu’un qui sait d’avance qu’il va être mis en examen, a fustigé le candidat de gauche. (…) Et donc chaque citoyen est sommé par son vote de lui voter une immunité. Ça revient à ça. »

« Une incroyable violence »

Egalement en déplacement en Bretagne, Benoît Hamon a dénoncé « une incroyable violence » dans les propos de François Fillon « à l’égard des magistrats et de la justice ». Pour le socialiste, le candidat de la droite « ne peut pas être celui qui dans des tracts demande que les procédures en justice soient accélérées, dénonce le laxisme de la justice sous Christiane Taubira, (…) et reproche ensuite aux juges de faire leur travail dans un contexte où il est légitime qu’il soit entendu par la justice ».

« Parler d’un “assassinat politique”, la réalité, c’est que c’est le feuilleton des affaires qui concernent François Fillon qui rend aujourd’hui médiocre cette campagne présidentielle »

Le ministre de la justice, Jean-Jacques Urvoas, a également vivement réagi aux déclarations de François Fillon comparant la procédure judiciaire le visant à un « assassinat politique ». Les juges d’instruction « conduisent leurs enquêtes en toute indépendance, de manière collégiale, dans le respect du contradictoire et de la présomption d’innocence », s’est ainsi défendu le garde des sceaux, dans un communiqué. « Le travail en cours des magistrats n’a pas à être commenté. »

Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, a, lui, déclaré dans un communiqué : « Avec la décision de François Fillon de s’en prendre à la justice, comme le fit hier Marine Le Pen, nous assistons à une situation grave. Ces actes marquent, après bien d’autres, la décomposition de la droite ». Quand Christiane Taubira, ancienne ministre de la justice, a, elle, rappelé sur Twitter que « la loi est la même pour tous, qu’elle punisse ou protège. Sous deux principes : indépendance de la justice et présomption d’innocence ».

« Le vote Fillon n’est plus un vote utile »

De l’autre côté du spectre politique, Bruno Le Maire a annoncé avoir démissionné, au nom du « respect de la parole donnée », de ses fonctions auprès de François Fillon parce que ce dernier a renoncé à se retirer comme il l’avait promis en cas de mise en examen.

Nicolas Dupont-Aignan a, lui, jugé, dans un communiqué, que M. Fillon « prend en otages les électeurs de la droite et du centre, qui lui avaient fait confiance » « Le vote Fillon n’est plus un vote utile », a ajouté le candidat de Debout la France qui « appelle l’ensemble des gaullistes et républicains à se rassembler derrière (sa) candidature ».

« J’ai envie de dire “tout ça pour ça !” », a lâché, de son côté, Florian Philippot. « Je vois également un paradoxe, une incohérence dans les propos de M. Fillon quand il parle d’assassinat politique et qu’il participe de cet assassinat, s’est indigné le numéro deux de Front national sur Europe 1. Il ne peut plus faire campagne sur le fond. »

Chez les fillonistes, on fait profil bas. « Bien sûr qu’il [M. Fillon] est fragilisé, on ne va pas dire le contraire, mais on va rebondir et les Français commencent à être choqués, je peux vous le dire », soutient le député LR Bernard Debré. « Il faut respecter son choix de se battre aussi, il a le droit, non ? (…) Même si c’est pas facile », a tenté d’évacuer l’eurodéputée Nadine Morano.

Quand François Fillon affirmait qu’il se retirerait en cas de mise en examen
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